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Ciro in Babilonia à Pesaro, l’événement DVD

Cette production de Ciro in Babilonia a été un des moments phares du Festival de Pesaro en 2012, et restera probablement dans les annales comme une de ses plus grandes réussites.

Cet ouvrage de jeunesse qui n'avait, sauf erreur, jusqu'ici jamais été donnée in loco, est représentative des premières tentatives de Rossini dans l'opera seria. Sur un livret convenu, d'inspiration biblique, l'orchestration est soignée, et l'on entend ça où là des esquisses, quelques mesures, qui seront développées dans des œuvres plus tardives. Les airs sont adaptés aux moyens des chanteurs dont le compositeur disposait sur le moment, c'est ainsi qu'on peut entendre dans cette œuvre le fameux air d'Argene, bâti sur une seule note !

Pour faire passer le côté académique de l'intrigue, le metteur en scène s'est régalé à fond d'un second degré plein d'humour. Ce seront donc les spectateurs d'un cinéma des années 1920 qui visionnent un péplum en noir et blanc, façon Babylone revue par Hollywood, passant parfois de l'autre côté de l'écran sur fond de pellicule rayée, à la façon de la Rose Pourpre du Caire, de Woody Allen. Les décors et les costumes sont très esthétiques, et vraiment inventifs. De plus, un travail fin sur les gestes, les déplacements et les attitudes du chœur et des différents protagonistes, est en phase avec la moindre note de la partition.

L'autre atout de cette réussite consiste en la présence d'Ewa Podles, l'une des plus grandes cantatrices rossiniennes, jusqu'ici scandaleusement négligée dans un festival consacré à l'un de ses compositeurs fétiches. Affublée d'une fausse barbe bouclée qui est un gag à elle seule, cette bête de scène délivre avec son panache habituel une prestation d'anthologie, d'une voix capable de passer en quelques secondes de graves abyssaux à des aigus percutants, et des vocalises complètement ébouriffantes !

a accompli des progrès fulgurants en quelques années. Sa voix s'est affermie, son assurance accrue, la voici maintenant capable de tenir avec classe un premier rôle rossinien, doté d'un grand air hérissé de pyrotechnies de haute volée. Elle est de plus très belle à voir dans ses tenues mi-années folles, mi-antiques.

Point d'œuvre du cygne de Pesaro sans baryténor, il s'agit cette fois de , le ténor dont on parle de plus en plus. Il y a chez lui un petit quelque chose du Chris Merritt de la Rossini renaissance, dans sa propension à sauter des octaves avec une facilité évidente, les aigus triomphants, le timbre aussi.

, cueilli à froid lors de son entrée, se ressaisit rapidement, et compose un « méchant » de belle stature.

Les seconds rôles, , , complètent avec bonheur une distribution idéale.

Sous la direction de , qui tient également le continuo, l'Orchestre du Théâtre Communal de Bologne est absolument étourdissant.

Bref, nous tenons là un DVD qui devrait ravir de nombreux mélomanes, et qui plus est, paraît en période de Noël. Précipitez-vous !

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