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Apaisants et enchanteurs, les quatuors de Stenhammar

Sans jamais, à aucun moment, soucieux d'apparaître comme original ou révolté, le Suédois a livré à la postérité une série de quatuors à cordes authentiquement beaux et rêveurs.

Son travail au cours du temps ne subit guère de changements esthétiques violents ; au contraire, il excella à dresser un climat globalement apaisé, très homogène, dépourvu de grands contrastes dynamiques autant que de fourvoiements vite lassants. Son tempérament romantique, il doit beaucoup à Brahms et aux mélodies populaires suédoises, le conduit naturellement à se complaire – et l'auditeur de même – dans un monde construit sur de splendides mélodies variées et répétées à l'écoute desquelles le temps qui passe capitule face à la protection d'une série d'atmosphères apaisantes et réparatrices.

Le meilleur exemple de cette esthétique harmonieuse et placide, où l'amoureux des cordes se montre au sommet de son inspiration sensible nous est démontré par le Quatuor à cordes n° 4 en la mineur composé entre 1904 et 1909 en partie à Florence où il se reposait avec sa famille. Son travail estival se trouva interrompu à l'automne du fait de ses activités de chef d'orchestre à Göteborg dont il releva très sensiblement le niveau artistique. L'Allegro ma non troppo initial, suprêmement maîtrisé, impressionne par son art de la transformation thématique tandis que l'Adagio suivant nous plonge au sein de la rêverie voluptueuse et communicative où nous convie un Stenhammar n'hésitant cependant pas à proposer au violon un motif … atonal ! Son aisance rythmique s'exprime au mieux dans le Scherzo-Allegro, nerveux et énergique que l'on retrouve partiellement dans les onze variations du Finale dont le point de départ est une chanson populaire suédoise richement modelée par la fantaisie contrôlée d'un maître hélas oublié comme compositeur de remarquables quatuors à cordes.

Quels meilleurs défenseurs pouvait-on espérer que cet admirable fondé en 2002 ? Il le prouve amplement et indiscutablement dans sa lecture passionnante du Quatuor à cordes n° 3 en fa majeur (1897-1900) ainsi que dans une œuvre postérieure et sensiblement moins doucereuse composée en 1919 pour accompagner une pièce de Hjalmar, Lodolezzi chante. Une gourmandise raffinée à ne pas négliger.

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