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Herbert Blomstedt dirige un Brahms heureux à Pleyel

Après des soirées Bruckner de haut niveau, le chef suédois revenait à la tête de l' pour un programme mi-choral mi-symphonique entièrement  consacré à Brahms. Si la Symphonie n°2 qui concluait la soirée est assez familière des programmes parisiens, les trois œuvres chorales qui occupaient toute la première partie y résonnent moins souvent, Le Chant des Parques y faisait d'ailleurs son entrée au répertoire de l'orchestre. C'était donc une belle occasion de les entendre.

En réservant la dernière place au Chant du destin composé entre 1868 et 1871, l'ordre chronologique s'en trouvait inversé puisque les deux autres pièces du programme choral datent des années 1881-82. Si cela permettait de placer en fin de cycle son sommet musical, la grande homogénéité de la prestation du chœur et de l'orchestre ne mettait pas en évidence une des trois œuvres par rapport aux autres. Certes on n'y trouve pas le même niveau d'inspiration que dans le Deutsches Requiem pourtant chronologiquement proche du Chant du destin mais quelque chose nous dit que l'interprétation très respectueuse, presque précautionneuse que nous avons entendue ce soir ne poussait pas ces trois œuvres au naturel volontiers austère au delà de l'honnête et belle version de concert.

Avec la Symphonie n°2 en ré majeur op.73 l'intensité musicale monta tout naturellement d'un cran sans se déchainer pour autant, ce qui aurait constitué pour le coup une sacrée surprise de la part d'. « C'est une petite symphonie gaie, tout à fait innocente » disait le compositeur lui-même, et c'est incontestablement cet aspect de l'œuvre qui l'emporta ce soir sur son dramatisme et ses moments de tension et d'exaltation. Sauf que ce n'est pas vraiment une petite symphonie, elle dure plus de 45 mn avec la reprise du premier mouvement, et grâce à l'art encore bien alerte et la grande expérience du chef dans ce répertoire, elle s'écoula très naturellement de l'Allegro non troppo initial jusqu'à l'Allegro con spirito conclusif. L'orchestre très attentif à son chef invité fit preuve d'une belle cohérence et sut utiliser toute la dynamique inhérente à cette musique. Si on n'y ressentit pas l'exaltation que d'autres baguettes y mettent c'était une question de ton plus que de moyens, ce qu'illustra parfaitement le final, qu'on connut ailleurs plus explosif virevoltant et jubilatoire, ce soir simplement heureux, mais d'un bonheur qui cache pudiquement sa joie.

Crédit photographique :  © Gert Mothes

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