- ResMusica - https://www.resmusica.com -

René Leibowitz, un dogme en question

« Le compositeur, pédagogue et chef d'orchestre , grand zélateur de Schoenberg devant l'éternel, résuma la position de son camp dans un pamphlet des plus virulents intitulé ‘Sibelius, le plus mauvais compositeur du monde'. Dans de nombreuses études sur la musique du 20e siècle… il apparaît au mieux comme une figure secondaire par rapport au sujet central qu'est la marche vers l'atonalité. » Parfait résumé, en dépit d'une absence de nuances, dû à Alex Ross dans son magistral essai The Rest Is Noise (traduction chez Actes Sud, 2010). L'écoute la plus objective possible des musiques fixées sur deux CD Divox offre à l'auditeur étranger à ce compositeur et à ses œuvres,  une occasion de se faire une opinion personnelle. En ce qui nous concerne, le temps paraît long et glacial, tant la plupart des opus proposés dégagent un goût amer et émétisant  de démodé,  d'inhumanité. Lorsque la musique se met strictement au service d'un dogme rigoriste, d'une technique calculée, d'une obéissance aveugle à des formules quasi mathématiques, elle se politise dangereusement, perd beaucoup de son crédit et effarouche ceux qui considèrent l'art des sons comme un précieux secours au renforcement de  la qualité de leur quoditien.

Les interprètes servent au mieux ces partitions de Leibowitz, par ailleurs sans aucun doute excellent musicien avant sa contamination idéologique intraitable. Toutefois, le Concerto pour violon en un mouvement, op. 50, de 1958, nous a semblé intéressant et digne d'une écoute satisfaisante grâce aussi  à l'interprétation irréprochable d'Ivry Gitlis et de l'Orchestre de la Radio de Hanovre sous la direction du concepteur. Cette œuvre, contrairement aux témoignages vocaux et à la plupart des pièces de chambre, résiste partiellement  à l'usure impitoyable du temps et des modes.

(Visited 200 times, 1 visits today)