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Parade, chronique épistolaire d’une création

L'air de rien, ce petit ouvrage, qui nous conte les étapes de la création d'un des ballets les plus avant-gardistes commandé par Serge Diaghilev pour sa compagnie des Ballets russes, cible le microcosme très actif de la vie artistique des années de guerre 14 -18.

Sur l'argument de Jean Cocteau, avec la chorégraphie de Léonide Massine et les décors de Picasso, la musique de Parade,  qui fera scandale à sa création – mais ses auteurs n'en attendaient pas moins! – est confiée à l'iconoclaste .

sélectionne une cinquantaine de lettres qu' adresse le plus souvent à son amie et peintre Valentine Gross – sa « chère grande fille » – mais aussi à ses collaborateurs. Elles constituent un journal de bord, aussi drôle qu'authentique, de l'oeuvre en train de s'écrire jusqu'à la première (mai 1917) et les reprises du ballet durant les trois années suivantes. S'y profilent toute une aura artistique et certaines figures incontournables d'un milieu mondain et protecteur des artistes – froide Misia, gentil Diaghilev – dont Satie devra, bien malgré lui, ménager les susceptibilités. Ces lettres particulièrement savoureuses, signées du « pauvre vieux ES » sont extraites de l'ouvrage d'Ornella Volta (, correspondance presque complète). Avec la finesse et la pertinence de sa plume avisée, l'auteur les articule et les commente, au fil d'un propos alerte et bien rythmé à l'aune de ce spectacle truculent. C'est à l'intention de ce petit chef d'oeuvre que Guillaume Apollinaire prononcera pour la première fois le mot de « sur-réalisme ».

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