- ResMusica - https://www.resmusica.com -

Symphonie n°8 de Chostakovitch : bon jalon de l’intégrale Gergiev

C'est juste après la fin du cycle Chostakovitch à la Salle Pleyel que nous avons écouté cet enregistrement de la Symphonie n°8 par les mêmes interprètes, le chef et ses troupes du Théatre Mariinsky. On aurait pu attendre, à la lecture de dates d'enregistrements étalées sur trois sessions entre 2011 et 2013, un certain manque d'homogénéité entre les mouvements et peut-être même à l'intérieur des mouvements, mais rien de cela n'est perceptible à l'écoute et si montage il y a, il a été fort bien fait. C'est donc une exécution parfaitement cohérente que nous propose ce nouvel SACD du label Mariinsky, montrant au passage que la vision du chef a fort peu varié pendant les presque deux ans qu'il a fallu pour concocter cet enregistrement, et qu'elle est encore très proche de ce que nous avons pu entendre le 17 février dernier à Pleyel.

Car en effet, nul dépaysement ni surprise n'attend ceux qui ont entendu cette formidable symphonie en concert par ces mêmes interprètes, l'enregistrement montrant exactement les mêmes points forts et les mêmes réserves. Tout juste peut on imaginer que le directeur artistique a choisi les meilleures prises, soit pour gommer quelques défauts techniques mais ils sont rares avec cet orchestre, soit pour palier à une momentanée baisse de régime due à la charge de travail démente que doit assurer cette formation. Mais pour ce qui est du style, du tempo, des phrasés, de la dynamique, on retrouve au disque une fidèle image du concert (il est d'ailleurs enregistré en live).

C'est donc une version sérieuse, contrôlée, maitrisée, impeccablement exécutée qu'on entend ici. Les différences de climats instillées à chaque mouvement sont toujours pertinentes, les moments forts de tension et de détentes parfaitement à leur place, les interventions des solistes en général impeccables, avec de très beaux pupitres de bois et d'impressionnantes percussions. Comme au concert, le chef évite soigneusement toute manifestation trop bruyante et ostentatoire qui pourrait impressionner au premier abord mais faire pencher vers le spectaculaire une partition avant tout d'une grande profondeur. Favorisant ainsi la continuité du discours, le chef nous livre une vision d'une cohérence inattaquable, tragique à souhait, sans pathos excessif, poignante dans ses plus beaux moments de retenu, suspendant le temps dans de parfaits pianissimos. Du très beau travail, exemplaire à bien des égards, incontestablement un des disques réussis des récentes (et nombreuses) publications de , où la seule réserve que nous ferions serait la même qu'au concert, avec la sensation que le chef ne pousse pas toujours l'œuvre autant qu'il serait possible, comme on peut l'entendre, chacun à leur manière, chez Mravinski, Kondrachine ou même Haitink (Decca) par exemple, limitant par moment le frisson d'émotion qui devrait alors nous étreindre. Ce disque fait néanmoins partie des meilleures réalisations de l'intégrale Gergiev-Mariinsky.

(Visited 698 times, 1 visits today)