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Grimaud livre un Brahms sans intérêt, Petrouchka sauve la face.

Inutile de tourner autour du pot : le concert fut terriblement décevant, particulièrement le Concerto pour piano n° 1 de Brahms.  l'ayant enregistré tout récemment pour Deutsche Grammophon, il paraissait légitime d'avoir des attentes élevées. Que nenni.

Pour commencer, on a été frappé par l'absence de legato et de véritable cantabile, ce qui, dans une œuvre aussi éperdument romantique fut un peu dérangeant. À ce constat s'ajoutèrent deux choses : d'une part, les piano furent constamment détimbrés, ne passant donc pas au-dessus de l'orchestre, d'autre part, les forte écrasés donnèrent un son heurté, sans aucune rondeur. De plus, la ligne, qui induirait pourtant une conduite ô combien naturelle, fut sans cesse entravée par des chichis, et ce au détriment du bon sens et d'une réelle inspiration musicale. Les enchaînements harmoniques, parfois complexes mais parfaitement intégrés à la forme, devinrent alors incongrus : il en résulta donc une écoute laborieuse. Malheureusement, on ne peut pas vraiment dire que l'orchestre rattrapa la soliste. Le tempo poussif du premier mouvement donna la sensation d'un phrasé paralysé, et, conséquence prédictible, la pianiste se mit à presser dans les traits. Enfin, les vents se révélèrent assez imprécis, souvent légèrement en avance sur les cordes : quant aux cuivres, la justesse fut, hélas, quelque peu approximative. Une prestation très médiocre qui nous laissa d'autant plus consterné que le public s'avéra débordant d'enthousiasme.

En seconde partie, c'est une version un peu (trop) conventionnelle de Petrouchka que nous proposa . En effet, l'humour qui fait partie intégrante de l'œuvre aurait pu être davantage mis en valeur : une prise de recul et une interprétation un peu moins littérale auraient été les bienvenues. De même, on aurait aimé un discours un peu plus ciselé et non cette impression d'une énergie à l'état brut, mais néanmoins, on saluera la direction précise et incontestablement active de . Fort heureusement, les vents et les cuivres sont parvenus à démentir les faiblesses précédemment observées, ce qui a permis à l'ensemble de conserver une certaine cohérence. Si cela ne restera pas dans les annales comme une version de référence, au moins, l'on n'a pas eu la désagréable sensation d'un discours allant à contre-sens -et après Brahms, autant dire que ce fut un soulagement.

Crédits photographiques : Nelsons Andris © Marco Borggreve

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