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Le Printemps du Nouveau Monde à Besançon

Le programme avait de quoi attirer un public avide de curiosités : c'est la géographie qui relie une partie des auteurs représentés ce soir. Mis à part une introduction venue d'Italie, tous appartiennent au Nouveau Monde.

Dans la thématique printanière voulue par le titre du concert, entendre les deux premières Saisons de Verdi est une aubaine à ne pas rater. Issues du troisième acte des Vêpres Siciliennes, ces « Quatre Saisons » y furent insérées pour obéir à la tradition du Grand Opéra Historique français pour lequel Verdi se plia à la langue de Molière dans sa version originale, tout comme Don Carlos. Tout droit venues de cet opéra fort long qui n'a pas apporté grand chose à la gloire de son auteur, ces Saisons ont tout à fait leur place dans un concert symphonique, extirpées de leur contexte. Car les parties solistes très importantes ont permis au hautbois, à la flûte et à la clarinette de l', communément appelé « le Victor », de faire ressortir leurs possibilités expressives.

Le chorégraphique se retrouve dans l'autre ballet du programme, les Appalachian Springs d'A. Copland. L'aspect dansé y est d'ailleurs moins évident. La formation réduite aux cordes en petit nombre, à une clarinette, une flûte et un basson suffisent à créer une ambiance assez délicate à faire vivre. Après la clarté de l'écriture verdienne, la chef a su faire vivre ce chambrisme symphonique qui peu facilement tourner à l'ennui. Avec Villa-Lobos, nous passons à la partie sud du continent, et le contraste est énorme : dans cette musique agoraphobe, au-dessus des espaces denses de l'orchestration plane l'harmonica de . La présence originale d'un instrument rarissime lors des concerts classiques nous réjouira d'autant plus que les bis solo improvisés par le virtuose glissent vers le blues. Les possibilité qui semblent infinies du soliste sont démultipliées par les effets acoustiques surprenants de ce si petit instrument, aux sonorité parfois étrangement proches de celles du bandonéon. Ces moments-là, clous du spectacle, furent intenses, et la communion avec le public trouvée lorsqu'il reprit en doublure chantonnée Amazing Grace. Un unisson d'une belle intensité. Enfin, pour conclure, un mélange de joie et de nostalgie dans les Saudades do Brazil de , qu'il écrivit lors de son retour d'un long séjour dans ce pays. Des complexités rythmiques et polytonales inventées par le français qui ont trouvé en une bonne médiatrice à la baguette souple et précise.

Crédit photographique : © Clifford Oto

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