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Brahms, un Requiem bourguignon à Dijon

Les deux formations chorales réunies pour la deuxième fois sur la scène de l'Auditorium ont visiblement eu beaucoup de plaisir à interpréter cette œuvre si monumentale et si germanique. L'engagement de chacun est évident, et on comprend qu'il en soit ainsi : chanter Ein deutsches Requiem compte dans la vie d'un choriste, car l'aspect profond de cet opus de Brahms fait appel à toute une palette de challenges. Disons tout de suite qu'il y a de nombreux moments où la formation chorale et orchestrale atteint une sorte d'état de grâce : le style de Brahms y est alors parfaitement  appréhendé avec ses élans et ses contrastes, et ses instants de grande tendresse.

fait à nouveau preuve d'une solide maîtrise : responsable de l', il possède une gestique précise et agréable à voir. Son travail se reconnait dans les résultats qu'il obtient avec les cordes, et surtout dans l'équilibre qu'il obtient entre l'orchestre et le chœur, comme par exemple dans la troisième pièce, lorsque les choristes sont accompagnés par des pizzicati  en parfaite symbiose, ou dans l'épisode pastoral de Denn alles Fleisch, es ist wie Gras, où la transparence de l'orchestre correspond totalement à celle du chœur. Le chef joue beaucoup avec les contrastes de dynamique, que ce soit en opposant fortement les nuances comme dans le deuxième chœur ou dans le sixième, ou bien en mettant l'accent sur les ruptures d'écriture au moment des fugues.

Il semblerait que l'orchestre ne soit pas aussi étoffé qu'on le souhaite pour avoir ce son compact et « terrien » que l'on attend dans les morceaux symphoniques de . Cela est nettement perceptible dans Selig, die da Leid tragen ; en effet, l'introduction instrumentale n'employant que des cordes graves divisées semble un peu manquer de consistance, par manque d'effectifs visiblement. On remarque quelques jolis soli de hautbois et des cuivres intéressants, la timbale jouant efficacement son rôle de conducteur dans le deuxième morceau.

La soprano déçoit un peu, par la qualité de sa voix qui donne l'impression d'être un peu serrée, comme comprimée ; pourtant, le dialogue avec le chœur fait ressortir souvent une grande émotion. est en revanche, plus convaincant : il possède une voix puissante et expressive, un peu à l'italienne.

On a l'impression qu'il a fallu au chœur un certain temps pour se  « mettre dans le coup ». En effet, la première pièce semble assez timide : même si la nuance demandée est faible, il aurait été préférable que le son soit plus rond. Par la suite, cet ensemble s'affirme, les voix sont justes, les pupitres s'équilibrent assez bien, même si il y a parfois de la tension dans les aigus pour les sopranos.

La dernière pièce Selig sind die Toten, est une belle réussite, empreinte de calme et de détente ; les voix égrènent tour à tour cette belle phrase mélodique descendante qui n'est pas sans rappeler celle qu'énonce l'orchestre pour évoquer le sommeil dans… les adieux de Wotan. Le chœur, avec abandon et tendresse répète la phrase de l'Apocalypse : « ils (les morts) se reposent de leurs travaux ».

© Balazs Borocz

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