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Jeunes Danseurs au Palais Garnier, une version de la tradition

Enfin, le est une troupe contemporaine ! Comment en douter après un programme de Jeunes Danseurs qui s'annonce comme un teaser de cette saison et de celle de la saison prochaine.

Comme un bel hommage aux programmes princeps de l'ère de Brigitte Lefèvre, on navigue entre les chorégraphes maison (, , Nicolas Le Riche), le bavardage de la danse contemporaine (qui peut avoir son lot d'émotions avec Preljocaj, moins tout de même dans la négation de la corporéité chez McGregor) et le plaisir de l'entre-soi avec une prime Jeunes Chorégraphes (, ). Enfin, comme pour annoncer, si cela n'était pas clair, que sera le prochain Directeur de la danse, on met en clôture un pas de deux d'une de ses œuvres bien sympathiques, Amoveo ; c'est qu'à l'Opéra, les transitions sont douces et totalement acceptées : regardez donc comment on acclimate le public à l'excellence de la tradition classique de la première troupe nationale. Auto-célébration d'une troupe dont les forces vives n'ont, ne pas le reconnaître serait de l'aveuglement, d'autre choix que de danser cela, que reste-t-il ?
Certains d'entre eux n'ont plus nécessairement grand-chose à figurer dans un programme censé mettre en avant les tout juste sortis de l'Ecole, eu égard à leur âge, à leur expérience-sans compter ceux qui figuraient déjà dans la précédente édition de la soirée Jeunes Danseurs, il y a cinq ans. Et cela ne peut être que désespérant puisque sur des programmes grandeur nature, ils ne seront distribués que lorsque leurs capacités physiques auront suffisamment diminués pour que l'on puisse dire-enfin !- que l'heure de la maturité (de l'Etoilat ?) est arrivée.
S'est-on cru original d'affubler un jeu d'ombres sur fond bleu le début et la fin du Pas de Deux de Robert Macaire (Les Enfants du Paradis) ? On a beaucoup aimé dans tous les cas Mlle O'Neill, solide techniquement et bien sur ses deux jambes (ce qui est rare a le mérite d'être souligné), et l'on mesure la qualité de , quand l'instant d'après, l'on n'est moins conquis par les parties masculines de la Source (soutenues par et ) dont est extraite également la variation de Naïla, joliment défendue par (bien qu'encore fébrile et scolaire, on perçoit de belles qualités).
Dans un autre registre donc (et par là même, la critique de danse semble-t-elle aussi pertinente que de comparer et de rendre compte de ce qui est si différent entre les styles présentés ce soir là ?), le métier de retient l'attention dans l'abandon du troisième acte du Parc, au côté de laquelle tente de rendre une certaine épaisseur dramatique, mais qui ne peut que souffrir de la rivalité des spectacles de décembre dernier. Une énergie puissante, bien qu'encore verte, a paru saisir le trio de Caligula (, et ) où la sensualité un peu perverse suintait sans être toutefois totalement assumée. Quatre figures dans une pièce, de , était assez originale sur la globalité d'une idée un peu délayée et qui ne permettait d'individualiser une personnalité marquante.
Il y eut d'autres pièces encore. Plutôt que de trouver des termes atténués pour ménager l'acidité avec laquelle l'on a pu ressentir une soirée parfois creuse, l'humeur est de craindre l'orientation que prend sévèrement la troupe de l'Opéra dans des œuvres dans lesquels ses danseurs n'y sont pas mauvais, mais n'y sont pas excellents non plus.

 

Crédit photographique : , dans le Parc © Benoîte Fanton/Opéra National de Paris

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