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Thaïs à Los Angeles pour Domingo et Fournillier

présente ainsi ce jour au public nord-américain son premier Athanaël, déjà rodé en Europe, et sur lequel il n'y a véritablement rien à dire ou à écrire…ou si peu.

A 72 ans, le Directeur Général du Los Angeles Opera demeure, envers et contre tous, une force 10, vocale et dramatique, de la nature ! Le souffle s'est légèrement raccourci, le timbre s'est légèrement décoloré. Les mouvements se sont légèrement ralentis, mais cet Athanaël, ardent, passionné, vulnérable également, cette voix, spontanée, généreuse, d'airain, plus cette élégance, cette noblesse du phrasé, accrochent l'auditeur et le spectateur dès ses premières mesures … car pour paraphraser Ernest Newman, qui parlait d'un autre, « il a besoin d'être vu pour être véritablement entendu ».

Si vous aimez votre Thaïs robuste et de chair, vigoureuse, athlétique (la traversée du désert ne l'émeut d'aucune manière), alors vous saurez apprécier, celle, puissante et profonde (voix claire et délicate dans l'aigu, malgré tout) de . Le jeu reste, lui, primaire, insuffisant et devra s'améliorer.

L'excellent Nicias de , présent, vocalement solide, sait, lui, débusquer à point les chausse-trapes et autres embûches du rôle. A noter, un bon Palémon () ainsi qu'une excellente et convaincante Albine (). Ne pas oublier la célèbre  Méditation, en situation, véritable témoin de la « transfiguration » de Thaïs (violon solo, Roberto Cani).

L'éblouissante production de , car elle vous éblouit, littéralement, par ses ors, ses cramoisis et ses pourpres, enchante et convainc. Les décors et costumes de Johan Engels nous plongent dans un monde de panneaux décoratifs, de  posters, ceux d'Orazi, bien sûr, mais aussi ceux de Muchat ou de Chéret. A l'Acte II nous ne sommes plus chez Thaïs mais chez l'orientaliste Loti. La mise en situation de Raab, un brin ésotérique (qui sont donc ces messieurs en frac et hauts-de-forme à l'Acte III ?…. et pourquoi cette robe de mariée au final ? … pour que nous comprenions bien que notre courtisane a épousé le Christ ? Pour nous rappeler la Sanderson ?) sait cependant interpeller.

se veut, lui, sensuel et pudique, délicat et discret, mais aussi incisif et fervent s'il le faut.

Crédit photographique : Thaïs  © Robert Millard / LA Opera

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