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Flûte enchanteresse à Nantes

Pour terminer la saison sur une note festive, Angers Nantes Opéra a eu l'excellente idée de reprendre la production de la Flûte enchantée signée par et , et créée ici-même en janvier 2006.

A cette occasion, nous n'avions pas caché notre enthousiasme devant une mise en scène qui, sans occulter la dimension initiatique de l'ouvrage, met en avant la composante comique du singspiel mozartien. L'ensemble est soigneusement réglé, parfaitement rythmé, et émaillé de gags qui font mouche en utilisant les procédés du théâtre à l'ancienne : trappes, filins, bruitages… Ce spectacle heureux n'a pas pris la moindre ride et le plaisir ressenti par le public reste le même.

De l'équipe de 2006 subsistent Eric Huchet, parfait Monostatos, et la gracieuse , dont la voix s'est légèrement durcie mais qui campe à nouveau une touchante Pamina, particulièrement lorsqu'elle exprime sa douleur dans Ach, ich fühls. chante la Reine de la Nuit sur de nombreuses scènes et l'interprètera à l'Opéra de Paris la saison prochaine, pourtant nous sommes perplexes : les contre-notes sont certes émises avec vaillance mais l'aigu est métallique et le médium trop pauvre en couleur pour rendre réellement justice à O zittre nicht, mein lieber Sohn. est en revanche une belle découverte avec une vraie voix de basse profonde au timbre onctueux et à la ligne de chant irréprochable. En Tamino, nous attendions Stanislas de Barbeyrac mais nous découvrons un jeune ténor islandais basé aux Pays-Bas, , qui nous séduit par une composition et un chant juvéniles et enflammés. Les seconds rôles sont bien distribués avec mention pour l'Orateur de .

Reste le « cas » : le baryton suisse se met le public dans la poche en jouant totalement la carte de la farce, mais il en fait vraiment des tonnes au point de friser l'excès. Thomas Oliemans, il y a huit ans, avait su se montrer d'une drôlerie irrésistible sans tomber dans la surcharge ; son successeur, non seulement n'évite pas ce piège, mais chante de façon assez sommaire. dirige l'œuvre dans une optique romantique, s'efforçant de veiller aux équilibres sonores avec une réussite variable puisqu'on note quelques décalages et un dosage parfois déficient dans les interventions des cuivres. Au vu de l'accueil réservé à tous les protagonistes aux saluts, il faut convenir que les réserves formulées sont mineures au regard de la réussite de cette production jubilatoire réglée comme une mécanique de précision.

Crédit photographique : (Sarastro) (Pamina) (Tamino) © Jef Rabillon

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