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Un temps bis de Georges Aperghis à Manifeste

n'a pas véritablement de terme pour définir les liens qui se tissent entre la comédienne Valérie Dréville et l'altiste , deux artistes qu'il connait bien pour avoir déjà travaillé avec elles et qu'il met en scène dans Un temps bis.

Ce sont précisément ces « passages possibles » entre l'actrice et la musicienne qu'il va chercher à créer dans les allers et retours de la voix parlée à la musique, de la sonorité des mots (ceux de Beckett) à l'univers des sons, que a d'ailleurs l'art de mettre en scène dans ses propres compositions. Les mouvements de la lumière – celle de Daniel Levy – comme ceux des protagonistes sur le plateau participent de cette volonté de « confronter la lecture et le corps », les gestes et le son.

Après un lever de rideau très théâtral, jouait en début de spectacle Toccatina d', une pièce originellement écrite pour violon, dont les sonorités très confidentielles proviennent d'abord de la percussion de la corde aigüe de l'instrument par le « bouton » de l'archet. L'univers bruité du compositeur allemand se répercutait dans la joute sonore très ludique des deux partenaires qui introduisait le long texte Immobile de Beckett. Si Valérie Dréville faisait valoir tous les registres de sa voix, confirmait ses talents scéniques dans les Mirlitonnades de l'écrivain irlandais qui articulaient les différents moments du spectacle. Après l'écriture versatile et fantasque d'Ali (2ème mouvement) de , qui semble rejoindre la langue énumérative de Beckett (mais aussi d'Aperghis), Geneviève Strosser interprétait en création mondiale et sans partition Uhrwerk (« Mécanisme ») de : c'est une sorte de « comédie madrigalesque » virtuose où les différents registres de l'alto sont autant de personnages et de voix fantasques animant un théâtre imaginaire que Geneviève Strosser faisait surgir avec un sens très aigu de la dramaturgie et une richesse de couleurs éblouissante. « Lumière, sol blanc, corps nu, blanc »… Bing, la Nouvelle de Beckett (1966) dit par Valérie Dréville dans un processus d'accélération verbale très aperghien, terminait, sur une note légère et résonnante, cette confrontation duelle autant que sonore.

Crédit photographique : Georges Aperghis © Suzanne Doppelt

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