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Mariss Jansons, l’excellence classique

Pas de répit discographique avec Mariss Jansons ! Après un magistral Requiem de Mozart à Amsterdam, on le retrouve à Munich à la tête de son orchestre radio-symphonique bavarois pour le couplage idéal des deux Symphonies n°6 de Chostakovitch et Tchaïkovski, aux tonalités identiques, binôme souvent pratiqué, avec succès, aux concerts par Valery Gergiev.

Le ton décanté, décharné et abandonné des mouvements lents  (« Largo » de Chostakovitch et « Adagio lamentoso » de Tchaïkovski)  se répondent, tout comme les parties rapides, endiablées et virtuoses. Mariss Jansons est en terrain connu, pour avoir déjà laissé deux très belles versions de ces œuvres chez EMI (Chostakovitch) et chez Chandos (Tchaïkovski).

Jansons est au  pupitre d’un orchestre, au niveau toujours aussi élevé en matière de précision et d’homogénéité (superbes cordes), sans oublier la force des individualités : magnifique intervention de la flûte dans le premier mouvement « Largo » de la Symphonie n°6 de Tchaïkovski. Dès lors, le musicien n’a pas besoin de sur-jouer son interprétation. Dans Chostakovitch, les tempi sont rapides mais le chef sait, dès l’introduction, imposer le climat lourd et angoissé requis. Les deux mouvements rapides pourraient être plus virevoltants, mais l’ironie ressort de la précision des pupitres capables des moindres nuances. La minutie apportée aux détails renforce les aspects acidulés de cette symphonie tout de même énigmatique et inattendue.

L’interprétation de la  Symphonie n°6 de Tchaïkovski apparaît au final comme une excellence du classicisme par le refus du chef de rajouter au pathos facile et comme un modèle de direction d’orchestre le contrôle absolu des transitions thématiques et des dynamiques. Certes, un Valery Gergiev, quand il est inspiré, est capable d’aller encore plus loin dans cette œuvre, mais la quasi-totalité des chefs ne peut rivaliser avec la maîtrise musicale de Jansons. Le chef letton sait faire sonner l’œuvre sans la transformer en concerto pleurnichard pour orchestre.

La discographie de ces deux partitions est aussi relevée que pléthorique, cependant, ces témoignages de Mariss Jansons, s’inscrivent, comme toujours, dans le peloton de tête éditorial.

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