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Notturno, Thomas Hampson et Richard Strauss

Même si les grands chanteurs du passé n'ont pas manqué d'illustrer ce répertoire, les lieder de Strauss sont tellement associés à la voix de soprano que l'on s'étonnera presque d'entendre les grands tubes du corpus – « Zueignung » « Ruhe meine Seele », « Morgen », « Befreit »… – interprétés ici par un baryton. Et pourtant, le texte de la plupart de ces chants est bien souvent explicitement attribué à une persona masculine.

C'est donc avec le plus grand intérêt que l'on se tourne vers le dernier disque de , d'autant plus que le style quelque peu précieux et maniéré du grand chanteur semble de prime abord convenir idéalement au compositeur allemand. Notre Américain se délecte donc de ces textes simples et parfois sucrés, soutenus par une écriture vocale de la plus grande subtilité et du raffinement le plus exquis. Ce n'est pas la passion qui se dégage de ces chants d'amour, mais cet attachement quelque peu bonhomme et bourgeois qui semble avoir accompagné Strauss tout au long de sa vie. Les rares fêlures de l'organe, notamment dans les pianissimi du haut de la voix, apportent de plus une fragilité qui convient bien à un programme thématique fort habilement conçu en faisant la part belle aux lieder consacrés au rêve et la nuit.

Dans ce contexte, on louera le piano sobre, discret et efficace de , on s'émerveillera devant le violon extatique de pour « Notturno », on s'étonnera du son d'une trompette à la toute fin de « Die heiligen drei Könige ».
Curieusement, le nom du soliste ne nous est pas donné.

Oui, les barytons ont encore des choses à dire dans Strauss. Oui, il est urgent que Hampson, Mandryka d'exception, nous donne enfin le Barak de La femme sans ombre qu'il nous doit…

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