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Verbier : Russie à la Rossini

Le chef d'orchestre russe , l'un des derniers grands représentants de l'art de la direction des temps soviétiques, est un habitué du festival de Verbier où il se produit, à la tête du Orchestra dans son répertoire russe de prédilection.

Mais avant d'attaquer le répertoire russe, le chef s'offrait un petit plaisir : l'ouverture du Barbier de Séville de Rossini. En dépit de l'effectif orchestral en tutti, le vétéran  faisait sonner son grand orchestre avec humour et subtilité.

Quelques jours après un récital qui nous laissa dubitatif, était de retour pour escalader le col du Galibier des pianistes : le Concerto n° 3 de Rachmaninov. Nos interrogations soulevées par le récital mentionné ne firent que se prolonger devant une interprétation décevante tiraillée entre emportements brusques et lourds et tunnels interprétatifs. Dès la fin du premier mouvement et sa belle cadence, le pianiste, tel un grimpeur en danseuse, enivré par l'effet de l'altitude, tape dur sur le clavier, écrasant les notes sans sens de la structure avant de baisser les bras dans un « intermezzo : adagio »  semi-inerte. Possédé par la musique, transpirant à grosses gouttes et soufflant tel un taureau dans l'arène, Trifonov se lance, dans le dernier mouvement, dans une course effrénée à l'abime au point parfois d'en oublier son pianisme habituellement rigoureux. Le dernier mouvement est un modèle de tics de pianiste en dépit des efforts du chef pour canaliser l'énergie de son soliste. Les dernières notes achevées, on regrettait amèrement la subtilité de l'ouverture de Rossini.

Relativement peu jouée, la cantate tirée de la musique du film Alexandre Nevsky reste un morceau de bravoure et une pièce de démonstration. Aux commandes de jeunes gens ultra-motivés, n'a pas grand peine à galvaniser ses troupes : l'orchestre rejoint par le choeur américain de New York.  Ce n'est pas l'enthousiasme qui manque, au détriment de la précision vocale et de la finesse d'exécution instrumentale. Mais les grands moments de la partition, comme la « Bataille sur la glace », font leurs effets, réglés par la toujours stupéfiante technique de bras, très chorégraphique, du chef. La mezzo est parfaite dans la lamentation du « chant des morts ».

Crédits photographiques : © Aline Paley

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