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Festival Debussy à Argenton-sur-Creuse

Pour sa troisième édition, le Festival Debussy, dans le cadre de Classique en Berry et du réseau SPEDIDAM, a choisi une formule spécifique : trois concerts gratuits dans l'après-midi pour donner aux jeunes interprètes une occasion de se produire et un concert symphonique avec un concerto le soir. Le nom « Festival Debussy » est quelque peu trompeur, il faudrait entendre plutôt « Festival de musique autour de Debussy », de la seconde moitié du 19e siècle jusqu'aux premières années du 20e.

Les concerts de l'après-midi sont accès sur une formation de musique de chambre, y compris un quintette à vent. Ainsi, le 26 juillet, nous avons entendu la soprano et la pianiste qui, dans l'idée de parcourir Paris en musique, construisent un programme à partir de musique de Poulenc. Il s'agit d'un petit panorama de mélodies françaises, d'une grande richesse, stylistiquement très variées, à travers Poulenc (cycle Banalités, Les chemins de l'amour), Satie (Je te veux), Roussel (Le Jardin mouillée), Debussy (cycle Ariettes oubliées) Hahn (« C'est pas Paris, c'est sa banlieue », extrait de Ciboulette) et enfin, (1832-1918 ; « Ô Paris, gai séjour », extrait des Cent Vierges). , qui commente brièvement chaque pièce avant de chanter, est très à l'aise dans ce répertoire, sa voix à une émission naturelle et sa belle diction l'atteste. Défenseuse de l'opérette, elle interprète à la fin le vaste air de Gabrielle des Cent Vierges de Lecocq et c'est un beau cadeau à l'auditoire qui a perdu l'habitude d'entendre une belle exécution d'un air d'opérette. , qui semble elle aussi avoir une connaissance approfondie du répertoire, soutien avec bonheur la chanteuse. En fin de l'après-midi, c'est au tour du de monter sur cette scène en pleine air. Les cinq jeunes femmes, tenant la flûte, le hautbois, la clarinette, le cor et le basson, enchantent le public avec des transcriptions du Tombeau de Couperin de Ravel et de Children's Corner de Debussy, mais aussi le Divertimento en si bémol de Haydn et une rareté pour le public, le Quintette en ut majeur du compositeur allemand (1847-1902).

Le dimanche 27 juillet, le ouvre le bal. Fondé en 2009, le groupe, qui a obtenu le 2e prix (1re prix non attribué) du prestigieux concours international de l'ARD de Munich en 2013, fait preuve du sens épique dans Beethoven (Trio en si bémol majeur op. 97 « L'Archiduc ») et de la délicatesse dans Fauré (Trio en ré mineur op. 120). Suit le tout nouveau (fondé en 2011) pour le 3e Quatuor en ré majeur de Beethoven et le 1re Quatuor en ut mineur de Brahms. Leur interprétation dynamique et profonde est une véritable bouffée d'air qui aère l'atmosphère. A 18 heures 30, le clarinettiste et la pianiste concluent la série de concerts au Jardin de la Grenouille. Leur programme est constitué autour de Rhapsodie de Debussy (1909) : Quatre pièces op. 5 de Berg (1910), deux Etudes pour piano du second livre de Debussy (1915), Trois pièce pour clarinette seule de Stravinsky (1919), Pièce en forme de habanera de Ravel (1907), et comme une source de toutes ces pièces, Sonate n° 2 en mi bémol op. 120 de Brahms, qui a redonné l'éclat à cet instrument qui n'était plus populaire comme au temps de Mozart. En guise de bis, des mélodies de De Falla, dont El Paño Moruno. La capacité de d'entrer immédiatement dans le morceau est admirable, il goûte pleinement à la beauté de la musique avec la complicité précieuse de , merveilleuse musicienne.

Pour les concerts symphoniques du soir, la Grande Halle, recouverte de tissus noirs pour limiter l'espace de la salle et de la scène par rapport aux coulisses, se révèle bien correcte sur le plan acoustique, malgré sa vaste taille et son caractère polyvalent. Ainsi, les premières notes produites par l'Orchestre national de France dans Pelléas et Mélisande de Fauré, sous la direction de Didier Benetti (le 26 juillet), sonnent tout en douceur, notamment sur les cordes, de même que dans Prélude à l'après-midi d'un faune de Debussy. En revanche, dans le Concerto de Grieg (Cyril Huvé au piano) et le Boléro de Ravel, il y a parfois un léger décalage entre les cuivres et le reste de l'orchestre, ce qui sera confirmé le lendemain 27 juillet au soir avec l'Orchestre Lamoureux. La baguette de tire de ce dernier mille couleurs et rythmes (L'apprenti sorcier de Dukas et Shéhérazade de Rimski-Korsakov). Dans le concerto pour violoncelle de Dvořák, nous sommes une fois de plus étonnés de la très haute performance d' : une grande facilité technique associée à une musicalité tantôt fluide, tantôt imposante, rend ce chef-d'œuvre profondément humain, doté d'une émotion authentique.

Sur le plan de l'organisation, il conviendrait de noter qu'une amélioration sera souhaitée pour l'accueil des artistes puisque ce tout jeune Festival vise, selon ses responsables, à devenir une grande manifestation estivale internationale.

Crédit photographique : et , © Emmanuel Orain

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