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Elektra à Dresde, passion et chuchotements

Ce nouvel enregistrement est le reflet sonore d'une série de représentations données au Semperoper de Dresde en janvier 2014, représentations destinées à célébrer le 150e anniversaire de la naissance de .

Quand on connaît les liens du compositeur allemand avec cette vénérable institution, on mesure pleinement l'importance historique de l'événement. Et de fait, la splendeur orchestrale de la célèbre Staatskapelle constitue un des atouts majeurs de cette nouvelle version d'un ouvrage lyrique plutôt bien servi par le disque, notamment ces vingt dernières années. Sous la baguette experte et inspirée de , la phalange saxonne déchaîne des torrents de passion, tout en privilégiant l'intimité des échanges entre personnages et en soulignant les subtilités structurelles de l'ouvrage. Depuis sa prestation avec la Philharmonie de Munich, dans la mise en scène de Herbert Wernicke, la lecture du chef allemand a encore gagné en lisibilité et en intensité.

Le plateau est l'un des meilleurs que l'on puisse réunir à l'heure actuelle. On retrouve d'ailleurs deux des protagonistes de la fameuse mise en scène aixoise de Patrice Chéreau, immortalisée aujourd'hui en DVD. est ainsi une Electre dont l'engagement dramatique est absolument total. Si la cantatrice se sort avec honneur des difficultés vocales d'un des rôles les plus crucifiants du répertoire, le report sur CD souligne néanmoins l'instabilité d'une voix souvent fâchée avec la justesse. À mille lieues de toute caricature, campe quant à elle une Clytemnestre que l'on imagine encore jeune, hantée par le poids de la faute et du péché. Son chant sobre et soigné la démarque des titulaires habituelles du rôle, même si la tessiture du rôle est visiblement trop grave pour elle. Quoi qu'il en soit, la meilleure prestation vocale féminine vient indubitablement de la radieuse Chrysothemis d', dont le soprano clair, solaire et ardent apporte quelque lumière dans ce drame des plus sombres. La relative « frigidité » de son engagement contraste efficacement avec le torrent émotionnel libéré par ses deux consœurs. Côté messieurs, on saluera tout particulièrement la noblesse vocale de , Oreste à l'instrument plus noir que de coutume. n'en démérite pas pour autant en Égisthe, qu'il interprète avec justesse et sobriété.

L'excellente tenue des seconds rôles – on notera au passage la présence d'une ancienne Chrysothemis, puis Electre, de renom, Nadine Secunde, dans le rôle de la Surveillante de l'introduction… – confirme le soin extrême accordé à cette réalisation remarquable à plus d'un titre.

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