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Daniel Lebhardt au Louvre

L'Auditorium du Louvre propose un jeune pianiste hongrois, , dans un programme entièrement français.

, formé à l'Académie Franz Liszt de Budapest puis la Royal Academy of Music de Londres, est doué à la fois d'une sensibilité délicate et d'un son relativement dur et sec. Dès le premier morceau, Baigneuses au soleil de , on remarque ce caractère du son associé à quelque chose de précieux. Au fil des pensées, nous arrivons à l'image d'une orfèvrerie ou d'une horlogerie du 18e siècle, comme une boîte à musique ou, plus sonore, un carillon. Et ce, malgré le titre de la pièce, à moins que sa sonorité ressemblant à des tintements fasse référence à des scintillements des eaux ? Dans Estampes de Debussy, ce caractère se trouve nettement dans les aigus des « Pagodes », en guise de cloche ; il fait sonner autant les arpèges à la main droite que les mélodies de la main gauche, il semblerait donc insister sur cette sonorité. En revanche, « La soirée dans la Grenade » manque un peu de rythme et de dynamisme, les notes pointées n'étant pas tout à fait mises en valeur. Dans « Jardin sous la pluie », il impressionne par sa dextérité parfaite (son tempo est très rapide) produisant des effets de crépitement imitant la pluie, toujours avec cette sonorité assez sèche.

Ensuite, nous retrouvons l'aspect d'une boîte à musique avec « Après la fête » de Widor, avant d'entendre une fois de plus ce « gazouillement d'eau » dans La chanson de la folle… d'Alkan. Il maintient presque tout le temps la pédale de droite enfoncée, il en résulte alors un étrange mélange harmonique qui va parfaitement avec un caractère mystérieux du morceau. Puis, il enchaîne immédiatement sur Gaspard de la Nuit, comme si celui-ci formait un cycle avec la pièce précédente. L'idée est bien trouvée, car après la folle au bord de la mer, c'est Ondine qu'on rencontre. Décidément, dans ce programme, des éléments d'eau sont nombreux, et à chaque fois, il profite, semble-t-il, de sa sonorité dure et sèche en explorant différents caractères aquatiques. Et dans « Le Gibet », ses cloches sont de retour, avant une explosion pianistique de « Scarbo » où brillent avec éclat les fragments mélodiques à l'octave, comme… des carillons.

Crédit photographique : © DR

 

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