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Anne Gastinel impeccable dans Martinů

A Liège, avec un orchestre parfaitement maîtrisé par , la violoncelliste confirme son jeu sobre et racé dans Bach et Martinů.

L'OPRL sort des sentiers battus en ouvrant ce concert avec un Hymne à la justice, composé en réaction à l'affaire Dreyfus qui a agité la France de 1894 à 1906 (année de la réhabilitation du capitaine injustement condamné). Force est de constater que demeure encore aujourd'hui relativement méconnu du plus grand nombre des mélomanes. Il semble que ne révèle pas pleinement l'essence de cette pièce engagée. Une lecture plus « chirurgicale » aurait sans doute été plus pertinente que l'atmosphère complexe installée par le chef d'orchestre, dans laquelle l'oreille cherche son chemin, et s'égare parfois dans des motifs de second ordre.

Dans le Concerto pour violoncelle N°1 de Martinů, la direction d'orchestre apparaît diablement plus efficace. Le jeu sobre et racé de la soliste n'est jamais dominé par l'orchestre, maîtrisé comme jamais par Arming. Un orchestre moins discipliné aurait pu littéralement « manger » la soliste, mais le travail abattu par l'orchestre en répétition semble ici colossal lorsqu'on mesure à quel point la soliste reste intelligible face à ce grand orchestre qui réussit le miracle de décliner la nuance piano à l'infini. Cette synergie parfaite entre la soliste est l'orchestre a donné vie à un concerto brillant et tendre à la fois. En bis, l'artiste a choisi d'opposer à la généreuse orchestration de Martinů l'austérité de Jean Sébastien Bach. Dans la Sarabande extraite de la Suite n°4 pour violoncelle solo, Anne Gastinel confirme au delà de la gravure qui en attestait déjà, qu'elle est assurément une grande interprète de cette musique.

Dans la Symphonie fantastique d', semble devoir fournir davantage d'effort pour garantir la bonne cohésion des effectifs orchestraux qu'en première partie de concert. Les individualités de l'orchestre se distinguent régulièrement (la clarinette de Jean-Luc Votano!) mais les premiers tableaux de la symphonie manquent tout de même d'une certaine fluidité. Nous avons retenu de l'exécution du chef d'œuvre de Berlioz l'ouverture de la Scène aux champs, finement chantée par le hautbois de Sylvain Cremers. Jeroen Baerts, cor anglais de ce soir assure également avec brio sa partie soliste. On s'est néanmoins étonné de la vigueur avec laquelle celle-ci a été chantée alors que la partition préconise un plus subtil « piano » en guise de dynamique. La Marche au supplice et le Songe d'une nuit de Sabbat étaient certainement les mouvements les plus habités par les musiciens rassemblés dans un même élan énergique.

Crédit photographique : © annegastinel.com

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