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A la Bastille, Laurent Chétouane au masculin pluriel

Imaginez le prince de Giselle tombant amoureux du garde-chasse. Vous obtenez Matthieu Burner et Mikael Marklund, alias M!M, dans un duo masculin signé .

C'est le spectacle que tous les danseurs classiques devraient voir ! Dans M!M, le metteur en scène et chorégraphe français confronte deux présences fortes, celles de Matthieu Burner et de Mikael Marklund, dans un étonnant duo. Portés par le concerto pour violon en ré majeur de Beethoven, leur rencontre est poétique et romantique.

La pièce est construite comme un pas de deux avec ses adages et ses variations, et même sa coda ! Cependant, au contraire du grand pas classique, il n'y a pas ou peu de technique, pas de virtuosité, mais une écriture contemporaine simplissime faite de petits sauts, de tours et de ports de bras anguleux, qui se révèle plein de charme.

Tournés l'un vers l'autre dans une écoute attentive, ils sont doux, puissants et maladroits. Alors que porte ce même regard sensuel et tendre sur les hommes dans « d'après une histoire vraie… », ce duo ajoute une ligne à l'histoire du masculin contemporain. Ni hipster, ni éphèbe, l'homme vu par n'est pas dans la performance, encore moins dans la démonstration. Il suggère avec délicatesse ce qu'un homme peut être, ce qu'un danseur peut être : sensible et amoureux, ému et troublé…

Plus austère, car dénué de tout accompagnement musical, le solo qui suit (Solo with R/Perspective(s)) est co-écrit avec Roberta Mosca, une ex-danseuse de William Forsythe. Le mouvement part de la main, pour se prolonger dans le bras et l'épaule, avant de traverser le dos et de passer de l'autre côté du corps, comme si la danseuse était à la poursuite d'un fil invisible. Sans concept, ni costume, ni scénographie, ce fil qui ressemble fort à de l'improvisation est encore un peu ténu pour « faire spectacle ».

Photo : © Olivier Fantitsch

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