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Excellente anthologie Halvorsen

L'essentiel de l'œuvre orchestrale de (1864-1935) sous la direction du  toujours boulimique .

Ce beau petit coffret rassemble quatre CDs parus précédemment séparément entre 2010 et 2012, et regroupant ce qui semble être l'essentiel de l'œuvre orchestral de (1864-1935). C'est le toujours boulimique , à qui nous devons tant de découvertes, qui dirige l'ensemble de main de maître.

Que connaissons-nous donc du Norvégien , hormis la célèbre mais un tantinet pompière Marche d'entrée des Boyards (1893), une Passacaglia pour violon et violon alto op. 20 n°2 d'après Georg Friedrich Haendel (1893), et surtout la savoureuse Procession nuptiale norvégienne (1903), orchestration d'une Scène de la vie populaire pour piano op. 19 de Grieg, d'ailleurs si populaire qu'elle est souvent intégrée dans la musique de scène de Peer Gynt ? Pas grand-chose en vérité, car notre époque a relégué Halvorsen, tout comme d'ailleurs Rikard Nordraak (1842-1866), Johan Svendsen (1840-1911) et Christian Sinding (1856-1941) – pour ne citer qu'eux – dans l'ombre du seul Edvard Grieg (1843-1907) qui pourtant le tenait en haute estime.

Il est vrai que Johan Halvorsen, ayant reçu l'enseignement du violon, de la flûte et de divers cuivres, fut d'abord connu comme virtuose du violon, instrumentiste d'orchestre et professeur. En 1891 il se lança dans une brillante carrière de chef d'orchestre, et par la même occasion entreprit l'étude du contrepoint, ce qui donna naissance à ses premières compositions. Il semble bien que, tout comme Grieg, ce soit dans la miniature orchestrale que Johan Halvorsen excellait, témoin les diverses pages qui agrémentent ses nombreuses suites d'orchestre et musiques de scène.

Tout cela n'a pas empêché Halvorsen d'entreprendre des compositions de plus vaste envergure telles que les deux Rhapsodies norvégiennes pour orchestre (1920) et surtout les trois Symphonies (1923, 1924, 1929). Contrairement à Grieg qui avait renié sa Symphonie de jeunesse en ut mineur, Halvorsen estimait ses trois symphonies composées dans sa pleine maturité. Elles sont typiques de ce genre de compositions du romantisme tardif d'influence germanique (il a étudié à Leipzig), dans lequel on devinerait à peine la nationalité du compositeur. Ces trois œuvres dévoilent une certaine grandeur, et malgré quelques trouvailles harmoniques, elles inciteront toutefois l'auditeur à certaines réflexions quant à leur anachronisme : de sa Symphonie n°1 en ut mineur, Johan Halvorsen déclarait d'ailleurs « Il se peut que l'époque actuelle ne l'aime pas, car elle n'est ni moderne, ni rien de ce genre. Peut-être les générations à venir ne l'apprécieront pas non plus. Mais j'ai pris cela en considération, car je l'écris parce que je le veux et me moque complètement du présent ou de la postérité. » C'est très révélateur…

Interprétations irréprochables de et l'excellent qui parviennent même à gommer les quelques vulgarités de la fameuse Marche d'entrée des Boyards !…

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