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Patrick Davin fait traverser l’Atlantique à l’OPRL

Le public a su répondre en nombre à la proposition du festival Ars Musica, sensible à un programme intelligemment constitué autour de grands noms de la musique américaine comme ou .

Un concert estampillé « Ars Musica » peut pourtant décourager les oreilles les moins aguerries aux œuvres musicales contemporaines. Le cliché d'une musique savante réservé à quelques happy few heurtant malheureusement encore de trop nombreux mélomanes. Ars Musica, qui fonctionne depuis cette année comme une biennale peut heureusement se féliciter d'avoir (enfin !) su briser cette image.

Le violoniste ouvrait ce concert avec la Sérénade pour violon de Bernstein. Son matériau musical est assez complexe, mêlant argument philosophique et emprunt à ses « anniversaries » (petites pièces pour piano que Lenny préparait pour fêter ceux qui lui étaient chers). Sous la baguette de , et l'archet de Papavrami, l'œuvre ne manque pas de panache. Magnifiée par l'acoustique de la salle philharmonique, les cordes de l'OPRL fournissent un son d'une rare densité auquel le soliste s'accorde à merveille. Sa conduite de l'archet est toujours élégante, et la sonorité particulièrement virile dans les graves et medium.

Dans The Canyon de Philippe Glass, les percussionnistes de l'orchestre (maracas et caisse claire) doivent livrer une performance comparable à celle du musicien jouant la caisse claire dans le Boléro de Ravel. Comme dans ce Boléro, c'est une brève cellule rythmique qui vient lever un voile sur une fresque grandiose dans laquelle tout l'orchestre vient nourrir un rythme obsédant. est d'une efficacité redoutable dans cet exercice qui semblait particulièrement motiver les musiciens de l'orchestre.

Ars Musica étant une vitrine de la création musicale contemporaine, c'est une création du Belge qui enchaînait au programme. La notice de concert étant particulièrement laconique sur la démarche créatrice du compositeur, on ne peut que regretter que l'exécution d'une pièce inédite comme Zwerk se limite à la stricte exécution de l'œuvre, sans qu'aucune clé n'ait été apportée à l'auditeur pour lui permettre de se plonger de manière éclairée dans l'univers du compositeur… Il n'est pourtant pas dénué d'intérêt et nous en avons retenu un dialogue insolite en la harpe et les percussions.

The Chairman dances, pièce empruntée par à son opéra Nixon in China, n'a malheureusement pas apporté une juste conclusion à ce concert. Nous sommes complètement passés à côté des choix retenus par le chef d'orchestre. On regrette le tempo nerveux et pressé sur lequel s'ouvre la pièce et dans lequel l'orchestre ne trouve qu' un équilibre précaire, tout comme le sévère coup de frein marqué par l'orchestre dans la partie centrale de l'œuvre. Ce changement de tempo ne nous a pas convaincu par son manque de naturel. Plusieurs attaques ratées par les cornistes nous ont également déconcentrés. Le public n'en a cependant pas tenu rigueur aux artistes, chaleureusement applaudis à l'issue de leur prestation.

Crédits photographiques : /DR

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