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Daniel Harding au secours de Mahler à Berlin

On avait espéré Kirill Petrenko, ce fut . Deux chefs de la même génération, tous deux familiers de la monumentale  Symphonie n°6 de Mahler.

Pourtant, l'un arrive seulement au sommet après une carrière toujours prudente et discrète, qui rend ses rares apparitions d'autant plus précieuses (il avait d'ailleurs déjà annulé un concert à Berlin il y a 4 ans déjà), tandis que l'autre, placé très tôt sur le devant de la scène par une médiatisation maladroite, aura mis des années à se défendre d'une image fausse de produit du marketing.

Il n'y a rien de surprenant à ce que Harding souligne dans son interprétation la modernité de la partition, au risque de la brutalité : les stridences du premier mouvement ont bien de quoi justifier le surnom de la symphonie, « tragique » : la fin du monde n'est pas plus loin ici qu'elle ne le sera quelques années plus tard dans les Trois pièces pour orchestre op. 6 de Berg. Cette option a ses mérites, comme elle a déjà eu des défenseurs ; mais il faut pour cela à la fois soutenir la tension que cela implique tout au long de ce premier mouvement et tenir compte de l'ombre portée sur les autres mouvements. Harding n'y parvient cependant que partiellement : le dernier mouvement en particulier semble souffrir d'épuisement après ces débuts marquants, et la tension y manque autant que la structure.

Naturellement, les qualités bien connues de l'orchestre berlinois, ouvert à toutes les lectures les plus audacieuses, trouve dans la symphonie une excellente occasion de montrer ses talents collectifs et individuels ; pourtant, dans cette œuvre qui appelle à un jeu entre expressivité et déshumanisation du sujet tragique, le résultat est trop chargé d'effets pour tenir vraiment compte de la complexité de la partition. Harding avait fait mieux il y a quelques mois à la Radio bavaroise : mettons donc cette soirée en demi-teinte sur le compte du remplacement impromptu.

Crédit photographique : © Martha Rial

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