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Radu Lupu et David Afhkam à la fondation Gulbenkian

La fondation Gulbenkian est née en 1956 de la volonté de Calouste Sarkis Gulbenkian. Depuis sa création elle s'attache au développement de la connaissance et à l'amélioration de la qualité de vie des personnes au travers de l'art, du mécénat, de la science et de l'éducation.

Son importance sur la scène sociale et culturelle portugaise est primordiale, avant et après la révolution portugaise.  Son siège à Lisbonne, inauguré en 1969, est remarquable par son architecture moderne. La fondation dispose également d'actives délégations à Paris et Londres.

Son Grand Auditorium, dont l'acoustique était déjà remarquable, a fait l'objet d'une profonde intervention, qui a justifié sept mois de travaux qui se sont terminés en février 2014. Cet investissement de 19 millions d'euros démontre l'importance donnée à cet espace et à la musique par la Fondation, aujourd'hui dirigé par Artur Santos Silva, qui poursuit l'œuvre et l'esprit de ses fondateurs. Souhaitant en respecter l'authenticité, l'architecte Teresa Nunes da Ponte a abordé ce chantier avec une grande humilité, intervenant avec la plus grande discrétion sur l'auditorium et ses salles annexes, dans un esprit de restauration et de rénovation.

L' a été fondé en 1962, initialement comme orchestre de chambre. Il compte aujourd'hui 66 musiciens qui lui ouvrent un très large répertoire symphonique, et lui permet d'accueillir de nombreux artistes de la scène internationale.  Actuellement dirigé par Paul McCreesh, il conserve un lien important avec Lawrence Foster, maestro entre 2002 et 2013.

Pour ce Concerto pour piano en sol majeur de Beethoven, l'orchestre Gulbenkian était dirigé par le jeune chef allemand , et accueillait le pianiste roumain . Composé entre 1804 et 1806 (op. 58) ce quatrième des cinq concertos pour piano de  ne fut joué que deux fois de son vivant, d'abord en privé pour son bienfaiteur le Prince Lobkowitz, en 1807, puis en 1808 au Theater an der Wien, avec le compositeur lui-même au piano. Ce concerto commence par l'entrée du soliste, dans une construction qui se dispense d'un premier tutti , le soliste devant emmener l'orchestre dans l'œuvre par sa virtuosité. Dans cette interprétation à Lisbonne, on retient tout d'abord son homogénéité, qui donne à ce concerto un côté presque intimiste. Très bien exécuté, coordonné avec une grande compétence par , l'œuvre est agréable mais on peut regretter le manque de contraste. Le jeu de ne recherche pas la brillance, et convainc rapidement par sa grande aisance, mais peine à réveiller certains passages où l'on aimerait un peu de romantisme germanique. Il donne en revanche  aux passages les plus doux une réelle émotion qui a semble-t-il séduit le public portugais, notamment dans le deuxième mouvement.

L'orchestre dirigé par répondait dans un même esprit, renforçant l'homogénéité et la grande élégance de cette interprétation.  On ne peut que louer le travail fait par ce jeune chef, né en 1983. David Afkham a reçu en août 2010 le premier Prix des jeunes chefs d'orchestre décerné par le Festival de Salzbourg. ResMusica l'avait rencontré à cette occasion, peu de temps après son concert triomphal à la tête du Gustav Mahler Jugendorchester. En quatre années il s'est largement bonifié et vient visiter régulièrement la Gulbenkian pour le plus grand bonheur de son public. Sa direction, précise et claire, semble s'accorder à merveille avec l'excellent orchestre Gulbenkian, qui le suit avec élégance. Le son et le tempo réjouissent par leur précision, et les belles harmonies de Beethoven sont très bien rendues. Les nombreux rappels du public attestent de sa satisfaction.

En retrouvant cette scène sans le piano de nous nous déplaçons dans l'œuvre d'. Sa Symphonie nº 4 en mi bémol majeur (WAB 104) est l'une de ses principales œuvres, écrite dans un processus tortueux entre 1874 et 1888. En lui donnant la désignation de « Romantique » Bruckner l'inscrit dans son époque. L'œuvre commence par une sonate où le cor emmène les vents  dans un beau dialogue avec les cordes, puis se poursuit sur une marche, un scherzo intégrant un thème de chasse et enfin un final reprenant le dialogue initial entre les groupes instrumentaux. Son instrumentation compte des paires de flutes, hautbois, clarinettes, bassons, quatre cors, trois trompettes, des timbales et des cordes. Un tuba lui a été additionné dans la version de 1878, puis une troisième flute et un piccolo dans la version de 1889, postérieure à celle jouée ici.

Sous la baguette de David Akham, l'orchestre Gulbenkian nous livre une belle interprétation de cette œuvre assez difficile. La remarquable homogénéité de cet ensemble se ponctue par d'expressifs crescendi,  et l'effort de présence des violons menés par Birgit Kolar. Quelques accords rappelleront le thème de Superman, dans un brillantissime qui ne correspond pas beaucoup  au style sobre, précis et impeccable de David Afkham, décidément très bien accordé avec cet orchestre.

Crédits photographiques : Grand auditorium de la  fondation Gulbenkian © Márcia Lessa; David Akham ©  Felix Broede, Radu Lupu ©  Matthias  Creutziger

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