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Berg, Schubert, Beethoven entre bonne compagnie avec Stephen Kovacevich

Passant de Pleyel à la Philharmonie 2, ex grande salle de la Cité de la musique, reprit un programme Schubert Beethoven très semblable à son concert d'avril 2014, précédé cette fois de la Sonate op.1 d'. Entrant sur scène avec un aimable sourire éclairant son paisible visage, le pianiste mit dans son jeu la même douceur et amabilité, qui en fit tout le charme et peut-être aussi la limite. 

Incontestablement ne chercha pas à montrer ou démontrer une modernité désormais digérée en jouant cette Sonate op.1 de Berg qui sonna ce soir formidablement classique tout en restant personnelle et originale. Toute en rondeur, sans angle vif, fondamentalement chantante, cette pièce créée à Vienne en 1911, œuvre de jeunesse nous disent les encyclopédies, apparut plus équilibrée et homogène que sous d'autres doigts, et finalement assez mature.

Continuant sur la même lancée expressive, nous offrit un Schubert et un Beethoven assez proche esthétiquement et spirituellement, où, comme avec son Berg, l'harmonie l'emportait sur le conflit, l'éclairage à la bougie façon Barry Lyndon sur la lumière blanche et crue d'une lampe chirurgicale. Ne poussant jamais les écarts de dynamique ou de tempo au-delà du médian, favorisant la longueur de la phrase et soignant les respirations, le pianiste berça ces deux sonates d'un ton affable fort plaisant, presque reposant, au bon sens du terme, ne générant jamais ni répétition ni monotonie, ce qui aurait pu arriver avec ces options musicales. Pour autant cela avait peut-être trop fusionné la couleur musicale de ces sonates, au point d'ailleurs que les trois pièces de Schubert qui précédèrent la Sonate n°31 de Beethoven, deux länder et un moment musical (changement de programme que le pianiste annonça lui-même au public), enchaînèrent sans rupture de ton et presque sans interruption sur la sonate, à peine marquée par quelques courts applaudissement, comme si le public ne voulait pas rompre le charme. On s'en doute la fugue qui conclut, en deux temps d'ailleurs, l'opus 110 beethovénien n'avait rien de mécanique ni de trop spectaculaire et resta chantante jusqu'au bout.

Ainsi Stephen Kovacevich offrit au public de la Philharmonie 2, nom qu'il faut désormais donner à cette salle, un fort joli concert au programme consistant, aux choix musicaux cohérents et fort bien défendus, peut-être d'un esprit un peu trop sage par moment quand même.

Crédit photographique : Stephen Kovacevich © David Thompson

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