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Les concertos de Beethoven par Christian Zacharias, ou l’évidence de la clarté

Pour sa dernière saison comme chef de l ‘, avait programmé les cinq concertos de Beethoven en deux concerts. La clarté et la pureté de son jeu s'accordent merveilleusement à l'optique chambrette de la partie orchestrale.

Chef titulaire de l' de 2000 à 2013, a souhaité achever son mandat en interprétant les cinq concertos de Beethoven en deux concerts qui, symboliquement, ont fait l'ouverture et la clôture de sa dernière saison. On retrouve avec un bonheur constant l'ensemble de ces interprétations sur ces deux DVD, augmenté de l'ouverture de Coriolan qui figurait au début du dernier concert. Zacharias dirige du clavier mais, à la différence d'autres grands solistes qui se contentent de quelques gestes plus ou moins précis à l'intention d'un ensemble bien rôdé, il dirige réellement l', un ensemble de dimensions restreintes sur instruments modernes (mais les maillets des timbales en bois confèrent à ces dernières une sécheresse percussive très séduisante) auquel le lie une complicité manifeste. Ce n'est pas un hasard s'il dirige debout les introductions des trois premiers ou se lève parfois pur donner plus de force à sa battue. Surtout, on retrouve l'extrême clarté du jeu de Zacharias, la précision d'un toucher économe en pédale, une articulation impeccable d'où naît une émotion toujours pudique et retenue mais étreignante. Une vision certes classique, un peu corsetée mais magistrale et qui ne cherche jamais l'effet voire l'esbrouffe.

On ne passera pas sous silence le passionnant bonus qui donne la parole au pianiste ; on y découvre un homme chaleureux, maniant un français parfait, partageant son temps entre son cottage dans le Kent où il se révèle amoureux des bonnes choses de la vie et Lausanne qu'il voit comme une ville du sud. Il avoue son besoin de travail quotidien, fait l'apologie des concours de piano car « si on se montre devant le public, il faut être le meilleur », égratigne au passage les critiques qui « n'ont rien dans la valise» et leur « jargon qui n'a rien à faire avec ce qui arrive et ce qui nous touche », mais surtout se livre avec un naturel et une simplicité séduisants. On restera seulement plus perplexe devant les expériences de mise en lumière lors d'un récital tentées avec . Mais l'image d'un artiste humain, sympathique, intelligent et modeste qui ressort de ce documentaire vient compléter et éclairer fort opportunément ce bel enregistrement des concertos.

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