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Concert d’ouverture du Festival Claude Helffer

Coup d'envoi de la 3e édition du Festival , initié et dirigé par et , deux anciens élèves et fervents admirateurs de l'immense pianiste et pédagogue attaché à la musique de son temps que fut .

Avec l' que dirige , ils investissaient l'espace du Théâtre Jean-Vilar de Vitry pour un concert-spectacle mis en  scène par où la lumière, l'image et le geste contrepointaient le son dans un jeu de perspective et d'espace très vivant.

C'est la soprano lyrique Caroline Allonzo qui débute la soirée, apparaissant à jardin, sur un plan incliné et sur-élevé. Sa voix longue et profonde d'emblée nous envoûte dans Kaddish (Prière), première des Mélodies hébraïques de Ravel. S'y déploie une ligne ornementale et fervente magnifiquement servie par le timbre somptueux de l'interprète. Presque elliptique, L'énigme éternelle qui lui succède est une épure mélodique toute ravélienne à laquelle la chanteuse confère charme et sensualité.

La magie des lumières et de l'électronique, jouant sur la multiplicité des lieux et l'ambiguité des sources sonores, donne au Dialogue de l'ombre double de Pierre Boulez, interprété ce soir au saxophone, sa pleine dimension théâtrale. Chaque intervention du soliste est une surprise pour les yeux comme pour les oreilles, embarqués dans ce labyrinthe sonore que Boulez appelle de ses voeux. Tout aussi agile que la clarinette, avec un son plus cursif cependant, le saxophone – Alexandre Souillart impérial – épouse la ligne mélodique ondulatoire et capricieuse, réalisant de magnifiques fondus-enchaînés avec la partie électronique virevoltante. Voilà une pièce fascinante que chaque espace et interprète nouveaux viennent façonner au gré de l'acoustique et de l'énergie du son.

Plus fragile peut-être était l'équilibre sonore entre l'ensemble instrumental et la chanteuse – Caroline Allonzo toujours à jardin et légèrement en hauteur – dans les trois Poèmes de Mallarmé, trois joyaux où Ravel place la voix au centre de la texture instrumentale. Mais les deux instances parviennent à fusionner, le mot mallarméen trouvant son éclat et son aura de résonance grâce à  la direction très sensible de Javier González Novalez.

« Surgi de la croupe et du bond » pourrait-on dire avec Mallarmé, Sébastien Ly, à cour, et sur le même plan incliné, a anticipé sa partie chorégraphique finale et danse sur le dernier des trois poèmes, amenant très naturellement la dernière oeuvre du programme. Essaims-cribles de est écrit pour clarinette basse, danseur et ensemble. Après un départ fulgurant, la pièce ménage des cadences au soliste – Mathieu Franot impressionnant à la clarinette basse puis contrebasse – et fait éclore, sous l'écriture très raffinée du compositeur et le jeu non moins délicat des musiciens d'InSoliTus, de somptueux « jardins féériques ». Cette alternance de séquences musicales très énergétiques et de plages plus étales, au temps suspendu, inspire au chorégraphe et danseur Alexandre Ly des moments tout en contrastes, d'une  belle élégance. Captés par différents faisceaux de lumière intermittents, nos regards sont soudain surpris par l'ouverture du rideau de fond de scène, dégageant la vue sur l'extérieur: des images du monde (sans la rumeur qui les accompagne) s'associaient au geste et à la musique dans un spectacle total, aussi insolite que poétique.

Crédit photographique : (c) Julien Mondon

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