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La Fille mal gardée à l’Opéra de Paris : en route pour la bergerie

L'été arrive avec son cortège de plaisirs champêtres et ses envies de badinages amoureux : la Fille mal gardée est la reprise de la fin de saison du Ballet de l'Opéra de Paris !

Cela faisait une éternité que n'avait pas dansé! C'est en la revoyant que l'on réalise qu'elle est une danseuse qui manque quand elle n'est pas sur scène ; nommée sur ce ballet en 2012, on mesure le chemin parcouru à l'assurance qu'elle a acquise et à la légitimité d'Étoile qu'elle assume désormais totalement. Avec une féminité nouvelle, elle ne joue plus à la petite fille espiègle ou mignonne, mais s'empare du rôle de Lise, qu'elle connaît maintenant parfaitement, pour embraser la scène, sachant retenir une attention constante, et ne s'excusant plus d'exister dans un rôle principal. Elle surprend avec un joli balon qu'on ne lui connaissait pas et toujours sa très grande précision au niveau des positions. Une réelle miniature, d'une délicatesse de porcelaine, sur laquelle sont figurées les scènes les plus candidement roses de François Boucher.

Son partenaire est , et cela fonctionne assez bien : il se tire sans trop d'encombres des difficultés techniques. Il sait susciter une belle sympathie dans le mime, avec une très grande gentillesse et une prévenance si chaleureuse dans le geste que l'action s'avance sans prendre garde, et voici que la fin de la soirée arrive sans qu'on s'en rende compte. Face à lui, la Mère Simone d' ne pourra jamais faire oublier celle de Stéphane Phavorin, aujourd'hui retiré de la scène. Toutefois, améliore visiblement sans cesse son jeu, et si l'on prête attention, chaque seconde est entièrement habitée par la recherche de caractérisation de ce rôle si archétypal de la vieille mégère avare, finalement peu précautionneuse et un rien porté sur les joies de la boisson et de la danse.
, qui a créé le rôle d'Alain pour l'entrée au répertoire en 2007, remporte toujours tous les suffrages en distillant une juste mesure entre la niaiserie quasi-pathologique d'Alain, dont on se moque de façon acide, et le fantasme jamais abouti d'une vie normale, et qui ne trouve un exutoire que dans l'attachement à un parapluie, objet dérisoire, mais qui permet une certaine réassurance.

Il n'y aurait donc rien eu à redire de cette reprise, si ce n'est l'orchestre, qui est absolument calamiteux : décalages entre les pupitres, déséquilibres entre les différents volumes des masses orchestrales, manque de brillance, rien n'y manque, alors qu'il s'agit d'un orchestre censé être composé de musiciens aguerris… Est-ce pour se venger de ne pas avoir du Minkus ou bien un manque de coordination ? Heureusement que le but principal d'un ballet n'est pas d'aller entendre de la musique, fût-elle de ballet.

Crédit photographique : © Benoîte Faton/ Opéra national de Paris

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