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Sibelius magnifié par des interprètes du milieu du siècle dernier

Nous voilà doublement comblés : par la musique de et par la redécouverte remarquable d'interprètes de tout premier plan.

Tous ces enregistrements datent d'une époque où le grand compositeur finlandais vivait encore ou avait disparu depuis peu. Certes la remasterisation  n'est pas toujours parfaite mais les lectures effacent rapidement ces insuffisances sonores (acceptables malgré tout). Un autre constat s'impose. Plus d'un demi-siècle après la disparition du père de la Valse triste, les gravures modernes ne s'éloignent guère de celles du passé, tant au plan de l'interprétation que de celle de la perception et du rendu des chefs-d'œuvre contenus dans ces onze CD véritablement indispensables et en tout cas exceptionnels. La première surprise – et il y en a à foison dans ce coffret qui reprend des raretés danoises récemment publiées dans le superbe coffret Decca Sound 1944-1956 – s'impose à l'écoute du cycle symphonique entier sous la direction du chef britannique (1893-1969) à la tête de l'Orchestre symphonique de Londres. Cet ancien élève de Gustav Holst au Collège royal de musique de Londres fut un  altiste de talent à partir de 1926. Dix ans plus tard il partage son temps entre la direction d'orchestre et la composition. Son interprétation de la Symphonie n° 3 prouve la maîtrise du chef qui exacerbe l'impact du troisième mouvement Moderato – Allegro (ma non tanto). L'enregistrement de la Symphonie n° 5 s'avère exceptionnel ; manifestement le chef habite totalement ce chef-d'œuvre signant là une des plus belles lectures de la mi bémol majeur. Il surpasse celle du chef danois (1902-1957) moins ductile, moins chaleureuse mais grandie par une rigueur efficace, même si moins accueillante,  face à l'Orchestre symphonique de la Radio nationale danoise. Un autre chef qui fréquenta également en son temps le fameux Carl Nielsen (mort en 1931), (1898-1963), se montre particulièrement en phase avec le Sibelius de la Suite de Lemminkaïnen op. 22 avec ses élans épiques et rhapsodiques irrésistibles. La Suite de Karelia reçoit également l'enthousiasme  du chef danois, qualité indispensable à une interprétation adéquate de cette œuvre des débuts de la période kalévaléenne du futur solitaire de Järvenpää alors acteur incontournable du nationalisme finlandais en quête d'affranchissement vis-à-vis de son menaçant voisin russe. On retrouve un quatuor bien oublié, le , dans le Voces intimae en ré mineur traité ici de manière quelque peu rêche et sèche mais affichant fière allure et austérité mélangées. Le célèbre Concerto pour violon en ré mineur bénéficie d'une visite habitée et chantante de (1918- 2012), violoniste américain d'origine italienne accompagné par le succès toute sa carrière et le  emmené par l'excellent  et renommé chef norvégien, jadis bien connu, Øivin Fjeldstad (1903-1983).

Il faudrait, pour être équitable, citer tous les autres protagonistes de ce coffret passionnant  (notamment l'enregistrement légendaire des  chansons pour soprano et orchestre par et Fjeldstad ainsi que la prestation de et ) qui s'adresse, selon nous, en priorité à ceux qui souhaitent élargir leur connaissance de la discographie sibélienne des années 1950 ou retrouver des interprètes abandonnés de la mémoire courante. Pour les autres, on recommandera les indispensables versions modernes, à savoir, sans souci d'exhaustivité,  Rattle (EMI), Vänskä (BIS), Inkari (Naxos), Blomstedt (Decca), Colin Davis (Philips), Saraste (RCA), Storgårds (Chandos), Oramo (Warner)…

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