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Cendrillon, revisitée par Ratmansky

Chorégraphiée en 2002, la Cendrillon d' ne parvient pas à se démarquer de la version de Noureev.

Décidément, les Russes sont friands de Cendrillon! Après Marius Petipa et Lev Ivanov en 1893 puis Rudolph Noureev en 1986, est le troisième chorégraphe russe à s'attaquer au conte de Perrault. Si la version de Petipa est aujourd'hui oubliée, celle de Noureev fait référence. Difficile pour Ratmansky de sortir des pas de son illustre prédécesseur.

Certes, Ratmansky change le cadre de l'histoire qui ne se situe plus dans le Hollywood des années 1930 mais dans un décor modernisé et intemporel. Certes, il accentue les traits d'humour et la dérision: outre le ridicule comique de la Marâtre et des deux sœurs, le Prince apparaît comme un bellâtre arrogant. Cependant, l'acte I suit à la lettre les étapes de la version de Noureev: les chamailleries entre les deux sœurs, les crises d'hystérie de la belle-mère, les solos plaintifs de Cendrillon, la leçon de danse et la transformation de Cendrillon en princesse par le truchement de la fée-mendiante.
Le décor, avec ses escaliers métalliques et surtout la grande roue du temps, rappelle sans équivoque l'horloge en acier qui apparaît à la fin du premier acte de Noureev.
Le deuxième acte se détache un peu plus de la version de référence. Ratmansky reste plus proche de la lettre du conte: c'est au cours du bal où se rendent la belle-mère et les deux sœurs que se produit la rencontre entre Cendrillon et le Prince. Une fois minuit sonné, la mendiante fait son apparition et Cendrillon disparaît.

Le troisième acte est, sans surprise, consacré à la recherche de sa belle par le Prince. Ce dernier a quitté son air arrogant et affiche un style décontracté, un peu ridicule, avec son T-shirt rouge et son petit sac à dos renfermant le chausson perdu. A nouveau, Ratmansky prend de la distance avec la figure traditionnelle du prince de conte de fée.
Malgré les qualités des danseurs -précision technique et puissance physique de , grâce et légèreté de , débauche d'énergie et potentiel comique d'Ekaterina Kondaurova, qui fait du rôle de la Marâtre une pièce maîtresse du ballet -, l'ensemble reste superficiel. Le couple, dont on a du mal à croire à la réalité des sentiments, ne parvient pas à susciter l'émotion. La prestation de est plus convaincante en princesse délicate qu'en souillon où elle fait un usage abusif des yeux de biche éplorée. On peine à trouver une réelle originalité dans la chorégraphie, un renouveau ou une modernité qui permettrait de se démarquer de la version de Noureev. Surtout, on attendrait d'une réinterprétation contemporaine de Cendrillon qu'elle éclaire le conte sous un prisme nouveau, nous livre un message qui trouve un écho dans notre société.
Le talent, indéniable, de Ratmansky ne semble pas encore ici parvenu à son entière maturité.

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