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Demarquette et Sequenza 9.3 d’Azincourt à Marignan

et l'ensemble  ont fait aux Invalides une démonstration très convaincante de leur projet Vocello, qui réunit chœur a capella et violoncelle autour de transcriptions et de créations. 

Huit oeuvres dont deux créations par autant de compositeurs sur six siècles de distance, interprétées par deux chefs de choeur et deux violoncellistes et qui se relayaient au fil du concert, le Musée de l'Armée avait prévu un fort copieux programme pour le premier des cinq concerts qui commémoreront le désastre de la bataille d'Azincourt il y a juste 600 ans et la victoire française de Marignan cent ans plus tard.

Hormis l'ample sonate pour deux violoncelles The Battle of Agincourt d' qui concluait la première partie, le programme permettait de déployer l'ambition du projet Vocello, contraction astucieuse de la voix (voce en italien) et du violoncelle (cello en latin), mené par pour stimuler le répertoire unissant la voix humaine avec l'instrument qui est célébré pour en être le plus proche équivalent.

L'acoustique réverbérée de la cathédrale et la vocation militaire et historique du lieu convenaient particulièrement bien au programme, d'autant que les oeuvres nourrissaient de forts liens avec la tradition, tels les Carols de François d'Agincourt dont on peine à croire qu'ils aient pu être composés au XVIIIe siècle et non au Moyen-Age, The Battle of Agincourt qui recourt allègrement au mélange des styles et des époques (voir notre chronique du disque chez Zig-Zag Territoires, Clef ResMusica), ou le Triptyque d' composé en hommage aux victimes de la guerre de 14-18 et qui évoque avec une poésie recueillie les âmes qui flottent encore dans les brumes des tranchées de la Marne et de la Meuse. La sonate de Greif s'imposait naturellement dans ce programme commémoratif et et en ont signé une interprétation magnifique, dans un jeu de rivalité et de complicité idoine. Seul regret, elle constituait un morceau de résistance là où il aurait fallu moins solliciter le public avec une pièce conclusive de modeste proportion.

La seconde partie était mieux proportionnée. Le Pie Jesu de , inscrit dans l'histoire de l'écriture religieuse européenne dialoguait avec le Vient le jour du Québecois qui était lui imprégné de culture musicale populaire (on pourrait presque dire pop), et ensemble ils entretenaient des correspondances intéressantes avec l'émouvant When I am laid in earth de Purcell et l'amusante et virtuose célébration de La Bataille de Marignan  de . En conclusion, les inspirées Métarmophoses de , dont le compositeur vint préciser sur le podium qu'elles étaient la mise en musique de sept poèmes écrits par des détenus de la prison et ancienne abbaye de Clairvaux, apportait une touche d'empathie et une certaine forme d'espoir.

L'Ensemble dirigé par s'est joué de tous ces répertoires avec grâce, avec une mention spéciale pour le Miserere d'Allegri redoutable pour sa partie soprano, et le petit bijou à quatre voix de la Bataille de Marignan.

Crédit photographique: Ensemble (c) Guy Vivien

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