- ResMusica - https://www.resmusica.com -

Les Pigeons d’argile de Philippe Hurel

On se réjouit de la sortie en DVD des Pigeons d'argile, opéra de créé au Théâtre du Capitole de Toulouse en avril 2014. Voir et revoir à l'envi, dans les conditions optimales qu'offre la réalisation de François-René Martin (version stéréo et 5.1), un ouvrage dont bon nombre de détails échappent à une première audition, est un bonheur inappréciable et comble ici toutes nos attentes.

Avec Les Pigeons d'argile, signe sa première grande œuvre scénique, avec solistes, chœur et orchestre en fosse. Il a confié le livret au romancier Tanguy Viel dont la première expérience dans le monde de l'opéra est un coup de maître. C'est un fait divers relaté par la presse en 1975 qui lui sert de trame narrative. Pathy Hearst, fille du millionnaire William Randolph Hearst, est enlevée par un groupe de terroristes réclamant, en guise de rançon, une aide aux plus démunis. La jeune femme prend alors fait et cause pour ses ravisseurs…

« C'est un polar », comme aime à dire , auquel Tanguy Viel confère une conduite cinématographique, envisageant des lieux (intérieurs, extérieurs) et des temporalités plurielles pour une action toujours bien rythmée. La vidéo – celle de Momme Hinrichs et Torge Moller, relayant astucieusement les éléments du décor, est un atout précieux à la mise en scène habile autant qu'économe de .
A ce « scénario » à suspense, Philippe Hurel entend associer une musique à haute tension et qui pulse, pour « jeter les corps dans la bataille », selon le slogan de nos deux activistes, Charlie et Toni. L'énergie passe autant dans la voix chantée que dans l'orchestre qui la sous-tend très fermement. Aucun mot n'échappe à la compréhension du texte, Hurel consentant des moments superbes de lyrisme, dévolus tout particulièrement à Charlie – divine . L'orchestre flamboyant, qui sert de très près la dramaturgie, libère de somptueuses images spectrales dans l'interlude amorçant un troisième acte beaucoup plus court.

La performance scénique et vocale des six personnages principaux est remarquable, tout comme l'intervention du chœur générant une belle scène de foule dans le premier acte.

Tito Ceccherini, que l'on voit à l'œuvre au cours de l'interlude, est impérial, dont la précision et l'investissement de chaque instant servent une écriture tirée au cordeau. Saluons la prestation sans faille de l'Orchestre du Capitole de Toulouse dont Hurel n'a pas ménagé les énergies !

Un bonus vidéo « Le feuilleton de l'opéra », nous en dit plus sur la genèse d'une création.

(Visited 1 110 times, 1 visits today)