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Cyrille Dubois chante Lili Boulanger

Le , composé du ténor raffiné et du sensible pianiste , interprète un programme particulièrement intéressant de mélodie française au temps de la Première Guerre mondiale.

Les éditions Hortus continuent leur ambitieuse collection consacrée aux Musiciens de la Grande Guerre et son 13e volume offre l'occasion au de réaliser son premier album, sur un programme qu'ils ont mûri de longue date. a en effet inscrit le très beau cycle de Clairières dans le ciel à son répertoire depuis plusieurs années, le donnant avec ou avec leur professeur au Conservatoire Anne Le Bozec.

Les deux oeuvres principales du programme, les Odelettes de  et Clairières dans le ciel ont été composées en 1914 juste avant la déclaration de guerre, et s'inscrivent dans une veine impressionniste ou symboliste où le drame est uniquement d'ordre amoureux. Clairières dans le ciel est un cycle de 13 mélodies qui reste rarement enregistré, et n'a curieusement pas été approprié par les grandes voix lyriques malgré le caractère universel de son thème autour de la perte de l'être aimé, la pureté de son inspiration et le contexte biographique profondément émouvant de cette jeune musicienne prodige au destin brisé par la maladie. Huit de ses mélodies ont été orchestrées par , mais sans que ce travail semble avoir été achevé depuis. Le  donne de cette oeuvre importante de la mélodie française une interprétation frémissante, sensible et concentrée.

Le reste du programme propose des raretés qui sont mieux qu'anecdotiques, en lien direct avec la guerre, telles la Lettre du front envoyée à la femme aimée et la chanson Aux Gonces (les planqués) qui se débinent de , ou l'étonnante Heureux ceux qui sont morts de sur un poème de Charles Péguy qui commence comme une marche funèbre et finit dans un élan de survie et de patriotisme avec une inattendue citation de La Marseillaise. Les Sept petites images du Japon de de 1917 surprennent et intéressent par leur concision, sur des textes du Cycle de Heian de la cour impériale du IXe siècle.

Si réalise déjà une belle carrière, on a pu entendre récemment le plus discret Tristan Raës aux Invalides avec Jean-Philippe Lafont dans un autre programme consacré aux chansons de la Grande Guerre, et on retrouve au disque les mêmes belles qualités d'accompagnateur-partenaire dont il y avait fait preuve.

Notons enfin la qualité éditoriale irréprochable du livret, avec des textes concis et pertinents et la reproduction des textes des mélodies. Plus qu'un album sur la guerre, ce 13e volume est un beau disque de reconnaissance de la jeunesse, celle des compositeurs d'autrefois et des interprètes d'aujourd'hui.

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