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Le Concert Spirituel surprend encore avec Vivaldi

et nous ont habitués à surprendre : mise en scène déroutante, redécouverte d'œuvres oubliées, dispositif instrumental inédit… Avec ce disque consacré au Gloria, au Magnificat dans sa version à deux chœurs et à des psaumes de Vivaldi, c'est dans la troisième de ces voies qu'ils nous entraînent, avec réussite.

Deux grands choix font l'originalité de cet enregistrement : celui de n'employer que des voix féminines, et celui de se passer de solistes. Le premier procédé, dit des voix égales, se justifie par la destination première de ces œuvres, l'hospice de femmes l'Ospedale della Pietà à Venise. Le second relève d'une volonté de faire revivre une pratique assez courante à l'époque baroque, qui consistait à faire chanter les soli « en chapelle », c'est-à-dire par tous les chanteurs du pupitre concerné. achève de tourner le dos à la tradition discographique, qui fait du Gloria et du Magnificat des quasi opéras illuminés par de brillants solistes, en supprimant la trompette dans la première œuvre, et surtout en adoptant des tempi et un jeu à contre-courant : là où on a l'habitude de soli qui prennent leur temps, adopte une marche plus allante (« Et in terra pax hominibus », « Domine Deus ») ; là où notre oreille attend du grandiose ou de l'énergique, les musiciens adoptent au contraire un jeu plutôt relâché ou d'une intensité mesurée (introduction et « Propter magnam gloriam » dans le Gloria, « Fecit potentiam » et « Suscepit Israel » dans le Magnificat par exemple). Mais le résultat fait pleinement honneur aux nombreuses qualités expressives de la partition, tout en nous ramenant probablement assez près du rendu original de ces œuvres, dans le cadre du culte.

Pour ce qui est de l'absence de voix masculines, la première surprise passée on doit convenir que cela fonctionne très bien, y compris dans les morceaux qui tirent vers le bas de la tessiture (« Deposuit potentes »). Il faut dire que le chœur réuni pour ce disque ne manque pas de richesse en terme de timbres, non plus que de clarté dans la diction et d'agilité.

On écoutera avec intérêt les deux psaumes Laetatus sum et Lauda Jerusalem, très plaisants et d'une grande richesse mélodique. Dans le premier, une œuvre exprimant joie et reconnaissance, le tissu sonore est remarquable. Le second, plus élaboré, est à double chœur avec des parties solistes.

Un enregistrement très réussi en définitive, dans lequel on ressent pleinement la jubilation du Concert Spirituel à jouer Vivaldi.

 

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