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Romantisme très tempéré pour Hamelin et Janowski à Berlin

C'est un peu difficile à comprendre : il y a quelques semaines, l'orchestre symphonique de la Radio de Berlin a nommé son futur directeur musical, Vladimir Jurowski, qui prendra son poste en 2017, et qui constitue un excellent choix ; cette nomination a entraîné la démission du directeur actuel, Marek Janowski, après 13 ans de direction. Officiellement, c'est pour faciliter la transition entre les deux chefs que cette démission a eu lieu, mais on voit difficilement comment une période d'intérim peut se transformer en chance pour l'orchestre, d'autant que Janowski, qui n'avait pas souhaité renouveler son contrat, devait quitter son poste en juin prochain. Et d'autant que, naturellement, les concerts planifiés sous sa direction jusqu'à fin 2016 sont, eux, maintenus.

Donné deux jours avant Noël, le programme joué ce soir à la Philharmonie peut difficilement être qualifié de festif, mais il a au moins le mérite de la cohérence, en une tonalité germanique très affirmée. La symphonie de Franck a quelque peu perdu de sa popularité ces dernières décennies, mais elle reste frappante par l'assimilation créatrice qu'elle fait de la tradition allemande, en osmose avec la musique de ses contemporains Brahms et plus encore Bruckner. Peut-être est-ce pour y avoir cherché malgré tout quelque chose de la clarté qu'un cliché insubmersible attribue à la musique française que Janowski cherche tant à singulariser les plans sonores, au risque de mettre en péril les grands équilibres du puissant flux orchestral voulu par Franck. Le sens du détail que manifeste Janowski témoigne d'un travail très soigné de la partition, mais il manque une cohérence d'ensemble, et même cet élan chaleureux qu'appelle la musique de Franck.

Après l'entracte, c'est qui se confronte au second concerto de Brahms, avec une virtuosité solide, dans une approche qui privilégie la clarté sur les grandes masses sonores : c'est à la fois très convaincant et très poétique. On ne peut cependant nier qu'un peu plus de fougue dans certains passages n'aurait pas été de trop ; le très beau premier bis, un impromptu de Schubert tout en délicatesse, paraît ainsi beaucoup plus idiomatique. L'accompagnement de Janowski est dans la continuité de ce que la première partie avait montré, plus soucieux de détail et d'individualisation des timbres que d'un discours construit ou que d'un son orchestral d'ensemble. Cela ne s'harmonise pas si mal avec la vision discrète qu'a Hamelin de sa partie, mais on aimerait tout de même un peu plus d'élan.

Crédits photographiques : © Felix Broede

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