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Épure mahlérienne par l’Ensemble Orchestral Contemporain

Défi relevé avec brio par Erwin Stein en 1921, cette transcription pour 12 instruments de la Symphonie n°4 de , certes la plus chambriste de toutes, répond à la demande de la Société d'exécutions musicales privées que le maître Arnold Schoenberg, fondée à Vienne en 1918. Transformation ou illusion de l'original ? Les deux aspects cohabitent dans l'interprétation admirablement ciselée de à la tête de l'.

Éliminant trombones et tuba, Mahler conçoit sa quatrième symphonie dans les registres clairs, privilégiant la couleur pure et les relais de timbres : une qualité que restitue pleinement l'épure instrumentale d'Erwin Stein, où le piano et l'harmonium compensent l'absence des cuivres et donnent quelqu'épaisseur au tissu orchestral. C'est l'énergie du son – remarquable hautbois de François Salès – qui capte l'audition dans un premier mouvement impeccablement conduit. Solaire autant que grinçant (avec son violon solo jouant un demi-ton plus haut), le deuxième mouvement est une musique de timbres à laquelle les solistes de l'EOC confèrent ses finesses et son éclat. De l'admirable mouvement lent, privé du velouté des cordes, subsiste la tension expressive dont se gorge chaque ligne instrumentale pour nourrir un des plus beaux contrepoints écrit par Mahler, qui préfigure les dernières pages du Chant de la terre. On s'étonne du choix de la mezzo-soprano aux aigus un rien tendus pour chanter les joies célestes et le paradis naïf décrit dans le Wunderhorn-Lied qui termine la symphonie. Le grain sombre de sa voix rejoint fort heureusement la couleur du cor anglais dans la dernière strophe plus extatique du Lied où « les voix angéliques réchauffent les coeurs ».

 

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