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Blow up, immersion dans le monde de Karol Beffa

Blow up, œuvre éponyme de l'album, pour piano, flûte, clarinette et basson remporte tout notre intérêt dans cet enregistrement regroupant des œuvres de 2005 à 2011 de . Malgré quelques inégalités, l'ensemble nous conduit dans le monde musical du compositeur dont l'unité stylistique ne fait aucun doute.

Nous noterons pour l'ensemble de cet enregistrement les remarquables capacités d'interprétation des musiciens pour la totalité des pièces. Malgré l'admirable charge de conviction générée par les interprètes, l'ensemble du répertoire se révèle inégalement convaincant. La simplicité thématique et la richesse harmonique caractérisent à la fois le Concerto pour trompette et cordes et Subway, tous deux interprétés par son fidèle collaborateur : le trompettiste Eric Aubier. Cependant, cette simplicité dévoile d'un côté une construction formelle et une texture intéressante dans la deuxième de ces œuvres alors que l'écriture du Concerto pour trompette et cordes se révèle sans trajectoire réellement prenante et sans révélation exceptionnelle. En effet, un long crescendo initial repose sur un unique thème joué successivement à différents instruments. Le langage musical s'enrichit progressivement mais le projet global du compositeur a du mal à se révéler à l'écoute.

À la grande différence de ce Concerto pour trompette et cordes, Blow up propose un métissage intéressant et captivant, suscitant une réaction et un vif intérêt à plusieurs égards. La question du métissage remporte ici tous les suffrages. L'aspect rythmique, essentiel dans Blow up et dans d'autres œuvres de l'enregistrement, trouve ici une singularité notable, une trajectoire saisissante et des convergences stylistiques enrichissantes, génératrices d'unité et d'émergences. La rencontre maîtrisée et développée de langages se référant par exemple à la musique funk et à la musique française du début du XXe siècle confère à l'ensemble une progression du discours des plus intéressantes.

Éloge de l'ombre écrite pour harpe seule et Paysages d'ombres, écrite pour flûte, alto et harpe proposent un regard intéressant sur l'écriture pour harpe à plusieurs égards. La suavité du timbre de la harpe et le langage choisi pour l'élaboration du discours viennent se mêler au service de la culture d'une atmosphère singulière. Ces formations instrumentales constituent le corollaire de certaines des caractéristiques de la musique de quelle que soit la formation instrumentale et le caractère choisis : celles de l'intimité, de la subtilité et parfois de l'introspection.

Fireworks, écrite à l'origine pour quatuor de clarinette, est arrangée dans cet enregistrement pour quatuor de saxophone. Au-delà des questions rythmiques et de la conception du temps qui constituent un fil conducteur entre les œuvres, nous relevons une autre des caractéristiques de l'œuvre de , celle de l'homogénéité qui passe entre autre par l'écriture et la maîtrise de la texture d'une formation instrumentale.

Cet enregistrement satisfera par la qualité de ses interprétations tout appréciateur de la musique de Karol Beffa qui offre un visage particulier parmi les multiples langages de la création contemporaine.

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