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Concertos russes sous l’archet de Nicola Benedetti

Nouvelle égérie de Decca après être passée par Deutsche Grammophon pour le même groupe Universal Music, s'attèle à un programme russe mêlant deux concertos pour violon de la première moitié du XXe siècle.

Celui de , écrit juste après la Seconde Guerre mondiale autour de 1947 et créé seulement huit années plus tard, le 29 octobre 1955, par son dédicataire David Oïstrakh, sous la baguette d'Evgueni Mravinski ; l'autre de Glazunov, composé en 1904 et joué dès l'année suivante, lui aussi par son dédicataire, Leopold Auer, dirigé par le compositeur.

Le Concerto n°1 de Chostakovitch trouve sous les doigts de la violoniste un archet appuyé, adapté aux sonorités sombres et âcres de cette période stalinienne, la plus dure à vivre pour l'artiste. Au jeu des jolies violonistes plus faciles à vendre par les Majors, montre à l'instar d'une Julia Fischer une dextérité impressionnante, sans pour autant oublier d'offrir un message aux œuvres proposées. Le Nocturne initial porte une véritable tension sans atteindre le désespoir d'Oïstrakh, malheureusement desservi par un Orchestre Symphonique de Bournemouth trop en retrait sur la prise de son. suit avec précision la soliste sans exalter à outrance la partition, mais en tirant de la formation anglaise de belles sonorités slaves. Dans ce contexte, la Passacaille fonctionne parfaitement dès l'introduction, renforcée par l'entrée du violon pour une très belle déploration puis une superbe cadence, donnés dans un tempo relativement lent, commun à celui entendu couramment ces vingt dernières années. Le Scherzo précédent et le Burlesque final ne déméritent nullement, sans rechercher toutefois le cynisme bien particulier au compositeur.

Beaucoup moins enregistré, le concerto d' montre aussi moins d'intérêt, si ce n'est celui d'entendre des envolées lyriques qui influenceront les compositions de Rachmaninov. L'orchestre comme l'archet s'allègent immédiatement pour s'adapter à cette pièce plus facile, pleine d'une tendresse bien rendue dans le premier mouvement Moderato. Là encore, l'ensemble un peu en retrait par rapport au violon fait regretter la prise de son et surtout la balance soliste-orchestre. L'Andante sostenuto et sa partition trop pleine d'idées sont excellemment développés par la cadence conclusive magnifiquement exécutée. Puis les trompettes portent le premier thème du dernier mouvement, Allegro, avant le beau chant populaire joué par la violoniste solo et un final qui aurait mérité plus de puissance à l'orchestre.

Ce CD, bien exécuté et intéressant pour les passionnés de musique russe ou de , ne viendra pas bouleverser la pléthorique discographie du Premier Concerto de Chostakovitch, portée par Oïstrakh/Mravinski (Orfeo), Oïstrakh/Mitropoulos (Sony), Oïstrakh/Svetlanov (BBC Legends) ou plus récemment Repin/Nagano (Erato) puis Hahn/Janowski (Sony). Pour le Glazunov, passer par Heifetz/Hendl (RCA) semble incontournable, avant Oïstrakh/Kondrashin (BnF) ou, pour la curiosité, Vengerov/Abbado (Sony).

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