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Musique de chambre et univers spatial au festival Musique & Nature en Bauges

La 18e édition du Festival Musique & Nature en Bauges a proposé à son fidèle public un programme musical varié et, parfois, surprenant. Qu'il s'agisse de thèmes, d'œuvres, de lieux ou de musiciens et d'intervenants, ce festival étonne toujours.

Le château de Miolans, en Savoie, est une forteresse qui date du XIIe siècle. Après nombre de travaux grands et petits, il fut prison d'état de 1564 à 1792. Depuis 1869, la famille Guiter a entrepris sa restauration. Pour la première fois, elle accueille le festival… devant chez elle. Et en plein air, dans son petit parc. C'est un soliste, le claveciniste , qui ouvre le festival avec les Variations Goldberg de Bach. Un pari risqué mais gagné. La musique de chambre est à l'honneur au fil du programme.

Quand la musique fait chanter la Terre et l'Univers

L'astrophysicien canadien Hubert Reeves raconte l'univers, la terre, l'homme au fil des milliards d'années qui se sont écoulées depuis l'origine : « chacun d'entre nous est l'univers ». Ce récit, passionnant, est mis en valeur par deux musiciens de grand talent : le violoncelliste et le pianiste . On retient la délicatesse du piano, vite rejoint par le violoncelle dans Le chant de la terre Einsam im Herbst de . Quand Hubert Reeves pose la question : « D'où viennent les atomes ? », ce sont Sept papillons pour violoncelle seul qui répondent. Une œuvre de la compositrice finlandaise , très descriptive, que fait partager . Puis interprète Souffle sur les cendres, une de ses compositions, dont la violence est bien à l'échelle de l'univers. Un concert qu'on pourrait résumer ainsi : la Musique au service de l'Homme.

La Tempête fait son cinéma

Autre concert, très original : 2011, l'odyssée de la voix. La musique classique a souvent illustré des films. La Compagnie La Tempête, dirigée par de Camboulas, propose un programme a capella sur ce thème en l'église de Gruffy, un charmant petit village des Bauges.

Surprise, le concert s'ouvre avec une création électroacoustique d'Abel Rorbach, puis autre surprise, les chanteurs de La Tempête, répartis dans l'église, ne chantent pas mais jouent Ainsi parlait Zarathustra de avec des kazoos. Si les cinéphiles ont entendu cette œuvre dans le film de Stanley Kubrick, les spectateurs du concert découvrent cet instrument étrange : le kazoo : un tube fermé par une membrane qui transforme la voix en sons nasillards. Le résultat musical est en accord avec l'œuvre, étrange mais spectaculaire.

Le programme se poursuit avec le Miserere d'Allegri, sur un fond sonore de vols d'oiseaux et de cloches. La musique est toujours spatialisée : efficace musicalement et agréable visuellement. Le Lux aeterna de Ligeti est, lui aussi, dans l'espace. Un autre point fort du concert, est l'extrait d'Alexandre Nevski que Prokofiev a composé en 1933 pour le film éponyme de Sergueï Eisenstein. Sur des bruits de bataille, les chanteurs, du fond de l'église, illustrent bien cette lutte dans la Russie du XIIIe siècle. Le public est à la fois séduit par la qualité musicale et intéressé par l'originalité de la construction du concert.

Le festival nous emmène aussi en Italie avec Les Musiciens du Louvre, Concerto Köln et notamment à Naples en compagnie de Giuliano Carmignola. Qualité, originalité et densité sont au rendez-vous des treize concerts de cette 18e édition.

Crédits photographiques : La Tempête © Jean-Noël Démard ; Reeves Demarquette Neuburger © Festival Nature en Bauges

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