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DFS, la dernière création mystique trash de Cecilia Bengolea et François Chaignaud

Quand les créateurs les plus détonants de la Biennale de la Danse de Lyon font se télescoper les polyphonies médiévales de Guillaume de Machaut et le dancehall jamaïcain, cela donne DFS, des fesses qui se dandinent techniquement au top, sous le regard attentif d'un chien que ni la polyphonie a cappella ni la techno ne semblent surprendre.

Nous, si ! Le dialogue entre les deux chorégraphes est audacieux certes et dure depuis longtemps. How slow the wind pour le Ballet de l'Opéra de Lyon était une pure merveille lors de la dernière biennale, ou encore Dub love pour les pointes sur musique électronique. Le résultat du duo cette fois est d'une laideur qui ne se transforme malheureusement pas en beauté par contraste. La rencontre symbolique des chanteurs médiévaux et des night clubbers sur le dance floor, ne passe pas. Il en va d'une symphonie de déhanchements que même l'accueil des volontaires du public, pour un cours de dancehall non improvisé, ne parvient pas à faire décoller.

Le dancehall comme danse contre l'injustice, qui raconte ici la vie quotidienne de Kingston, est une vraie pratique et la jubilation de l'expérience jamaïcaine des chorégraphes est perceptible, mais finalement le grotesque du rapprochement dessert à la fois la révolte et la référence.

Irrévérencieux, ils le sont, c'est tout à leur honneur, mais la beauté du tout en des temps troublés importe aussi pour donner une voix à un message fort. En clair : oui plus que jamais à la rencontre improbable entre les genres, mais non à la laideur brute. La vocation de la danse ne serait-elle pas plutôt de faire passer par le corps et l'être en mouvement, un sixième sens affûté apte à nous donner l'envie de continuer à danser ?

en jogging noir à capuche  et baskets blanches et en justaucorps marron mordoré sur pointes ne nous émeuvent pas d'un pouce. Sept danseurs magnifiques sur scène d'une dextérité époustouflante, c'est navrant pour un flop.

Crédit photographique : (c) et ICA Artnight London

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