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A Monaco, la Troisième Symphonie d’Enesco par Lawrence Foster

Pour fêter les 75 ans de , son chef titulaire de 1980 à 1990, l'Orchestre philharmonique de Monte-Carlo lui a donné carte blanche pour un concert le 21 octobre . Le chef américain d'origine roumaine a souhaité rendre hommage au pays de ses racines.

D'abord en invitant le grand pour le Concerto n° 23 de Mozart. Le maître roumain possède encore ce touché magique et ces phrasés raffinés qui marquaient son art mais, hélas, les doigts ne suivent plus vraiment, ce qui a fragilisé sa lecture du concerto malgré l'accompagnement attentif et précis de Foster. Le meilleur de sa prestation résidait sans aucun doute dans l'Impromptu de Schubert donné en bis où l'on retrouvait enfin le grand Lupu que nous avons tant admiré.

Mais le sommet de ce concert résidait dans l'immense Troisième Symphonie d‘Enesco, un chef d'œuvre rarement joué. a servi le compositeur comme nul autre. L'énorme orchestre (vents par six en général, piano, orgue, percussions en nombre) et le chœur intervenant sans parole dans le finale, remplissaient la scène de l'Auditorium Rainier III. Dans ce triptyque écrit durant la Grande Guerre, le langage d'Enesco brasse un monde sonore qui intègre tradition symphonique française dans l'allegro initial aux accents proches de Magnard ou d'Indy, échos mahlériens dans l'étonnant deuxième mouvement parcouru de marches militaires débouchant sur une vision d'apocalypse, enfin raffinement debussyste dans le finale apaisé avec chœur. Mais ces références se fondent dans un langage puissant et profondément original. De cette page maîtresse mais quasiment jamais interprétée, , qui la pratique depuis des années, a su donner une vision enthousiasmante de précision et d'intensité, tenant en haleine le public pendant plus de cinquante minutes. Le triomphe fut total, partagé par l'orchestre et les chœurs qui s'unirent in fine pour un « Happy birthday, maestro » sympathique et chaleureux.

Crédit photographique : Lawrence Foster (c) Marc Ginot

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