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À Aix, Herreweghe et Chamayou dans Beethoven

Soirée « Beethoven » au Grand Théâtre de Provence avec l' sous la direction de . Un concert globalement réussi qui nous a permis de redécouvrir des œuvres phares jouées sur instruments anciens.

« L'Empereur » fait partie des concerti les plus joués et il est le plus souvent interprété sur un piano moderne. Lorsqu'un soliste opte pour un piano-forte, on réalise à quel point notre écoute a été conditionnée. Si la démarche reste toujours intéressante et s'inscrit pleinement dans la conception d'un orchestre qui joue sur instruments d'époque, le paramètre de l'acoustique reste déterminant. À Aix-en-Provence, le volume de la salle ne se prête pas à une telle formation car l'acoustique du Grand Théâtre est sèche.

Dès le premier accord majestueux de l'Allegro, les arpèges agogiques, caractéristiques de ce premier mouvement, résonnent dans le lointain, confidentielles, sans projection sonore. La déception est grande car on connaît le jeu délié et poétique de . Il est difficile d'apprécier à sa juste valeur son interprétation car le décalage est parfois flagrant. Dans les parties tout en dialogues, le soliste doit fournir des efforts considérables pour se faire entendre. Limité quelque peu dans son expression harmonique, le piano devient dès lors un instrument de l'orchestre qui se fond « dans la masse ». Cela nous prive de l'éventail de nuances et de dynamiques que nous lui connaissons. Difficile d'entendre aussi la jubilation du Rondo côté clavier, imprimée par la rythmique du thème principal.

La phalange des Champs-Élysées évolue, quant à elle, dans son jardin et déroule un tapis de sonorités amples et profondes. Les tutti résonnent avec vérité sans être martiaux. Le message beethovénien, son caractère humaniste, résonne dans toute sa splendeur. Tempo idéal dans l'Adagio frappant de modernité sous la conduite inspirée de dont la parcimonie de gestes dégage une concentration empreinte de ferveur.‎

En bis, offre au public un mouvement lent d'une sonate tardive de Hadyn. L'instrument magnifique, datant de 1815, dévoile davantage de rondeur. La texture reste dépouillée mais son charme poétique capte notre attention.

Après l'entracte, la 7e Symphonie brille par ses multiples facettes. Chaque volet est caractérisé avec le sens du détail qu'on connaît chez le chef d'orchestre. Dans le Poco sostenuto – Vivace, le développement du deuxième thème introduit un climat d'allégresse mettant en lumière une homogénéité des cordes et des cuivres mais aussi une présence sensible des bois, pleine de fraîcheur quasi enfantine. La sincérité expressive du sublime Allegretto nous touche au plus profond. Un souffle porteur d'espérance parcourt chaque pupitre.‎ Le Presto et sa pulsation presque dansée, apparaît pétillant de vivacité. Pas de surprises dans le final joué à l'énergie et à la clarté architecturale de premier plan.

Ovationnés, les musiciens bissent‎ un passage du premier mouvement de la Pastorale pour le plus grand bonheur du public.

Crédit photographique : © A. Péquin

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