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Très intéressant début du Tchaikovski Project de Semyon Bychkov

Présenté comme «The Tchaikovsky Project », le nouvel enregistrement de est la première pierre  – très prometteuse – d'une intégrale commençant par la fin, avec la Pathétique et l'ouverture Roméo et Juliette.

Un court texte explicatif du chef lui-même justifie l'entreprise en énonçant qu'avec le nombre de références existantes pour ces œuvres, ajouter une version de plus à la discographie n'est cohérent que s'il apparaît un vrai plus dans un travail de haute qualité. Et pour développer cette démarche, le nombre conséquent de services d'enregistrement a été porté à douze, chiffre très supérieur à la norme actuelle.

Le résultat s'en ressent, car sans redéfinir les carcans interprétatifs du chef-d'œuvre de Tchaïkovski, nous avons bien entre les mains une excellente nouvelle proposition, dans la lignée de celle plus qu'honorable enregistrée par le chef américain avec le Royal Concertgebouw Orchestra en 1987 (Philips), mais avec une maturité plus évidente et moins de fébrilité, surtout dans l'Adagio.

Le choix de la Philharmonie Tchèque semble un excellent compromis, car cet ensemble de grande tradition a su garder un son caractérisé et possède toujours une véritable personnalité, mélange de timbres bruts de l'Est et de lyrisme Occidental, idéal pour aborder le compositeur dans toute sa diversité. Il est porté par une prise de son de qualité, qui fait ressortir les traits de l'acoustique si particulière de la magnifique salle du Rudolfinum de Prague, créant comme en live une légère saturation dans les graves, audible lorsque contrebasses et percussions haussent le volume.

D'un tempo allant quasi similaire à celui de sa première proposition, dans la lignés de ceux utilisés par Mravinsky, cette Pathétique développe une atmosphère allègre dans les premiers mouvements sans jamais chercher à bouleverser, ni à brusquer par des ruptures trop marquées, l'Allegro molto vivace restant en cela d'une grande souplesse par laquelle il évite toute vulgarité. Le Finale en neuf minutes environ ne joue pas non plus la carte du pathos, ni encore moins celle d'une angoisse étirée, comme l'ont fait à leur façon Svetlanov (Warner & Canyon) ou Bernstein (DG) plus tôt, mais touche tout de même par ses accents nostalgiques et par le goût d'inachevé qu'il laisse planer.

En complément, l'Ouverture Symphonique Roméo et Juliette attire par son caractère extrêmement tranquille et doucereux, dans lequel les contrepoints des cuivres prennent une place particulière. Même lorsque le rythme accélère (10′), la dynamique reste mesurée et Bychkov maintient l'orchestre dans une absolue sérénité, peut-être quelque peu au détriment du caractère dramaturgique de la pièce.  Les airs tout droit sortis d'un ballet (13') trouve un caractère véritablement enlevé, emportant l'œuvre vers une coda toute en subtilité.

Après ce très beau premier CD, espérons en découvrir rapidement plus, notamment sur les trois premières symphonies du maître, pour lesquelles il reste plus de place à de nouvelles références.

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