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Xavier Sabata, l’athlète à la voix de velours

Quand l'amateur de musique romantique et d'opéra bel canto farfouille le bac des nouveautés de son disquaire et qu'il tombe sur la pochette du dernier disque de , il doit bien se demander ce que peut bien être cet opus.

Catharsis ? Déjà le mot interroge. Outre que son orthographe en fait un client tout trouvé pour une dictée de Pivot, c'est un mot dont tout le monde a entendu parler sans forcément en connaître le sens. Alors, avec le peu de temps qu'il a pour musarder chez son disquaire, il passe. Et il aura peut-être tort !

Derrière l'image du regard de tueur d'un barbu au crâne rasé bravant les éléments d'un déluge ou d'une hypothétique aventure d'Indiana Jones se cache une bien belle voix. Celle du contre-ténor espagnol qui, pour son quatrième album, compile une brochette de compositeurs démontrant combien cette époque était musicalement florissante. TF1 n'existait pas, alors…restait l'opéra !

Si malheureusement, il est toujours difficile d'imaginer le chant des interprètes d'alors, de nos jours, l'éclosion des contre-ténors, leurs progrès techniques devant la complexité des partitions, a permis d'entrevoir, voire de se passionner pour cet art réservé à ces mythiques castrats.

A l'écoute, en se concentrant sur le chant de , indéniablement on est en présence d'un chanteur à la voix étonnamment équilibrée sur tout le registre. Cette belle unité nous met à l'abri de stridences. Cependant, le soyeux de la voix se pose au détriment d'une certaine clarté de diction, d'une articulation de la langue italienne. Ce qui pourrait se comprendre sur la difficulté élocutive inhérente à la célérité de certains tempi est moins excusable sur des arioso comme Chiudetevi miei lumi de Händel.

À l'accompagner, l'excellent orchestre sous la direction du chef grec . Mais, que se passe-t-il ? Cet orchestre qui nous avait enchanté dans Arminio de Händel et Siroe de Hasse sonne « sourd ». Comme si on avait favorisé les graves des violoncelles et de la contrebasse, ou rajouté de l'écho. Reste que le discours sonore orchestral de cet enregistrement résulte parfois confus. Dommage !

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