- ResMusica - https://www.resmusica.com -

Hommage de chambre à Claude Debussy au Théâtre des Champs-Elysées

Cent ans après la création de la Sonate pour violon et piano de par l'auteur lui-même au piano et Gaston Poulet au violon, le Théâtre des Champs-Élysées rend hommage au génie avec un programme de chambre dans lequel s'associent les trois sonates et la transcription du Prélude à l'après-midi d'un faune par Schönberg à des créations d' et , en plus d'une intervention d'artistes du théâtre Nô.

L'hommage au Théâtre des Champs-Élysées cent ans après la création d'une sonate de Debussy prépare aux commémorations de 2018, année du centenaire de la mort du compositeur. L'idée d'associer ses œuvres, dont les trois sonates, à l'Art du Nô, pourra poser question. Un comité d'honneur de la soirée composé de l'ambassadeur du Japon en France, de celui auprès de l'Unesco et du président de la Maison de la Culture du Japon à Paris semblent être à l'origine de la proposition. On a souvent illustré La Mer de Debussy par la toile d'Hokusaï, et l'on sait que les marques les plus évidentes de la musique du génie français se retrouvent au XXe siècle chez les créateurs japonais Tōru Takemitsu et aujourd'hui Toshio Hosokawa. Malheureusement, on a fait ce soir un autre choix, et plutôt que de chercher l'avenir dans la musique de Debussy en la liant à des œuvres de ces artistes japonais comme à celles du génie français le plus évident dans sa lignée, Pierre Boulez, on a proposé un retour au passé avec des créations d', ce soir au piano, et de , au violoncelle.

Passons rapidement sur ces ouvrages dont l'Élégie de Naoumoff jouée juste après celle, très mal interprétée dans un geste martelé au piano et jamais émotionnel au violoncelle, de . Déjà la musique de ce dernier nous paraît bien faible face à celle d'un génie comme Debussy, mais au moins est-elle agréable et a la qualité d'avoir été créée à une époque où elle se justifiait. La pièce de Naoumoff ressemblerait à du mauvais Fauré avec des dissonances dans le choix des demi-tons pour sembler moderne. À regarder en arrière, il est évident que l'on ne trouvera aucune solution d'avenir, les références ne pouvant servir aux nouveaux artistes que de bases à dépasser, non d'idéaux à retrouver. Cela s'applique aussi à la Sonate pour violon et piano de Williencourt, moins surfaite et plus facile d'écoute en cherchant à tendre vers la musique d'un Ysaÿe par exemple, et surtout portée par un vrai geste artistique grâce au violon encore superbe de vibrations de .

Des trois sonates de Debussy, la mieux portée ce soir est sans doute la dernière, également grâce au violoniste, avec au piano un au geste encore dur mais moins nerveux que dans les Élégies et dans la Première sonate pour violoncelle et piano, développée sans âme par le violoncelle de Williencourt. Syrinx avait ouvert la soirée avec à la flûte, et si les toux insupportables détournent d'abord de la musique – ou même auparavant pendant la démonstration de Nô, de l'absence de musique – elles s'atténuent dans la Sonate n° 2 ensuite avec à l'alto, Jean Reffandis à la flûte et à la harpe. Un trio flûte, violoncelle et harpe reviendra pour Les Êtres, là de Williencourt, avant le Prélude à l'après-midi d'un faune de Debussy dans la transcription de Schoenberg, malencontreusement accompagnée de Nô, la mode actuelle d'imposer des images par peur d'ennuyer le public avec la musique pure ayant aussi touché cette soirée.

Au final, à avoir souhaité par curiosité écouter de nouvelles œuvres et de magnifiques sonates, on aura surtout regardé vers le passé et pris plaisir seulement à entendre encore une fois le violon de . N'en déplaise aux artistes de ce soir, l'art ne regarde pas en arrière et à tenter de l'arrêter, on n'écrit que pour être très rapidement oublié.

Crédit photographique : © M. Mamoru

(Visited 754 times, 1 visits today)