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Pour l’édition 2017, l’aura d’Alvin Ailey imprègne toujours les Étés de la danse

En 2017, pour la cinquième fois depuis la création des Étés de la danse en 2005, l' American Dance Theater est à l'affiche du festival. Et pour cause : le public parisien lui réserve à chacun de ses passages un véritable triomphe. L'aura de son fondateur, , symbole de la  modern dance américaine, de la culture afro-américaine et du combat pour l'égalité des droits aux États-Unis, contribue sans nul doute à ce succès. Retour sur le parcours d'un homme qui s'est battu, par la danse, contre toute forme de discrimination.

Le choc de la danse moderne

est né en 1931 à Rogers, au Texas. A l'âge de 12 ans, il quitte le Texas pour Los Angeles. C'est en assistant à une représentation des Ballets russes de Monte Carlo qu'est né son désir de danser. La rencontre avec Lester Horton, professeur et chorégraphe dont la technique s'inspirait à la fois de danse américano-indienne et de théâtre japonais, causa au jeune Ailey un véritable choc : « Je me suis presque évanoui » racontait-il en parlant de son premier contact avec le style d'Horton. « – Mais qu'est-ce que c'est ? » « – De la danse moderne » lui répondit son ami qui assistait aux cours du professeur. Ailey suit les cours de Lester Horton à partir de 1949 puis rejoint l' Horton dance company l'année suivante où il reste jusqu'à la mort du chorégraphe en 1953. C'est pour cette compagnie qu'il crée ses trois premières pièces. En 1954, il se rend à New York pour danser à Broadway dans une production de Truman Capote, intitulée House of flowers. C'est à cette époque qu'il suit l'enseignement de , Hanya Holm et Charles Weidman.

Les débuts de la compagnie et Revelations

En 1958,Alvin Ailey fonde sa propre compagnie, l'Alvin Ailey American Dance Theater. A un concert sur la 92ème rue de New York où il présente trois pièces dont Blues suite, les débuts d'Alvin Ailey sont remarqués. John Martin, critique de danse du Times, considère Ailey comme l'un des six artistes les plus remarquables de la saison. « En tant qu'interprète, écrit-il, il a une qualité de mouvement riche et animale et un sens théâtral inné, jamais vu auparavant ; mais en tant que chorégraphe, il n'a pas encore montré son travail ici. C'était un début impressionnant ».
La troupe devient compagnie résidente à la Brooklyn Academy of Music. Les débuts sont difficiles. C'est pourtant dans les premières années, en 1960, qu'Ailey chorégraphie l'une de ses pièces les plus célèbres, Revelations. Hymne à la musique gospel, au black spiritual, elle puise dans la culture noire-américaine et a été vue comme un manifeste, à l'époque où le mouvement des droits civiques était en pleine lutte. Si jusqu'en 1963 la troupe est exclusivement composée de danseurs noirs, Alvin Ailey dément ne chercher à parler qu'à la communauté afro-américaine : « je me sens une obligation de me servir de danseurs noirs car il doit y avoir plus d'opportunités pour eux ; mais ce n'est pas parce que je suis un chorégraphe noir qui parle à des noirs ». En 1971, il déclare que « l'on parle trop d'art noir alors que l'on devrait parler d'art, juste d'art. Les compositeurs noirs doivent être libres d'écrire des rondos et des fugues, pas seulement des chansons contestataires. Je travaille avec Ellington et je veux utiliser encore davantage sa musique, mais c'est de la musique avant tout. » En 1974, Ailey chorégraphie Night creature sur une musique de , composée en 1963.

L'âge d'or et le rôle de

Les tournées de la troupe aux États-Unis, en Australie, en Europe (1964, 1966, 1970) mais aussi en Afrique, au festival d'Art nègre à Dakar (1966) lui assurent la notoriété à l'international. L'Alvin Ailey American Dance Theater est la première compagnie de danse moderne à remporter un succès à Moscou, en 1970, et à Pékin, en 1988.

Alvin Ailey met un terme à sa carrière de danseur en 1965 mais continue à chorégraphier. , danseuse emblématique de la compagnie devient sa muse. Il chorégraphie pour elle le solo Cry en 1971, à l'occasion de l'anniversaire de sa mère, et Pas de Duke (1976), un pas de deux que danse avec , l'un des danseurs les plus talentueux de sa génération qui avait quitté l'URSS deux ans auparavant.
Ailey aura chorégraphié près de 80 ballets tout au long de sa carrière.

La Ailey school est instituée en 1969. On y enseigne le jazz, mais aussi la danse moderne — fondée sur les techniques de Graham, Horton et Dunham — et la danse classique.

Alvin Ailey décède du sida en 1989, à l'âge de 58 ans, au Lenox Hill Hospital de New York. La cause de son décès n'a pas été révélée immédiatement, signe du tabou qui entourait encore l'homosexualité. Mikhail Baryshnikov salue l'importance de la contribution de l'œuvre d'Ailey à la culture américaine. Michael Wright, directeur de l'Erick Hawkins Dance Company qui a dansé aux côtés d'Alvin Ailey complète en assurant qu' « il a aussi fait plus pour les Noirs américains et la culture afro-américaine que n'importe qui d'autre. »

Le succès de la compagnie survit à son fondateur

Selon les souhaits d'Alvin Ailey, Judith Jamison prend sa suite en tant que directrice artistique de la compagnie. Elle dirige la troupe pendant 20 ans et ancre son succès. La troupe, aujourd'hui composée de 28 danseurs, s'est produite dans 45 pays et 6 continents. 3 000 élèves, venus de 21 pays différents sont formés par l'Alvin Ailey School. Judith Jamison a également mis en place la junior compagnie, Ailey II.
succède à Judith Jamison en 2011. Il a chorégraphié pour la compagnie des pièces maîtresses comme The Hunt, No Longer Silent et Awakening et a élargi son répertoire à des chorégraphes contemporains comme , , Hofesh Schechter, ou . « Alvin Ailey voulait que la danse soit accessible à tous » explique , qui continue aujourd'hui à porter ce message en faisant vivre les œuvres d'Ailey.

Bibliographie:

Crédits photographiques: Alvin Ailey © Eric N. Hong – Judith Jamison,  © Jack Mitchell

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