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La compagnie Alvin Ailey de retour aux Etés de la Danse

Pour la première production scénique accueillie à La Seine Musicale, le nouvel équipement culturel de l'Ouest parisien, l' American Dance Theater revient pour la cinquième fois dans le cadre du festival Les Etés de la Danse pour vingt représentations exceptionnelles.

Dans une salle flambant neuve, fonctionnelle et sans charme, la fine fleur des Hauts-de-Seine et de la communauté américaine de Paris (le jour de leur fête nationale !) se presse pour revoir l'une des compagnies fétiches des Etés de la Danse, l' American Dance Theater. Ce sont presque des habitués : en treize ans d'existence du festival, ces danseurs sont venus cinq fois ! Cette compagnie fondée par (lire le portrait qui lui est consacré dans notre rubrique Aller + loin) est la seule compagnie de danse presque exclusivement constituée de danseurs noirs. Dès les premières années de son existence, c'est une réaction au racisme des autres compagnies, qui ne réservent pas de rôle et une place à leur mesure aux danseurs afro-américains. Dans les années qui suivront, ce choix sera assumé pleinement par son fondateur, qui y puisera son inspiration et la ligne de sa direction artistique. Un répertoire se constitue peu à peu, alternant classiques du répertoire afro jazz et créations plus contemporaines.

Pour cette soirée d'ouverture, qui sera suivie d'une vingtaine d'autres représentations, c'est l'occasion pour le public francilien de découvrir un répertoire largement renouvelé, du show à l'américaine du duo Ella de , en hommage à , au pas de deux mélancolique After the Rain de , sur le célébrissime morceau d' déjà utilisé par . C'est un répertoire qui puise aux racines de l'histoire du peuple noir en Amérique et de ses inspirations musicales : l'Afrique, le jazz, le gospel et les prêches des pasteurs, le blues et aujourd'hui le soul ou le R&B, comme le prouvent les ballets les plus étniques de ce gala, The Hunt, de , pour six sculpturaux danseurs en jupe longue doublée de rouge, Four Corners, sur des musiques percussives évoquant les danses et la culture africaine et bien sûr Revelations, le flamboyant « must » du répertoire d'Alvin Ailey, créé en 1960, qui clôture chacune des représentations de la compagnie.

Depuis la dernière visite de la compagnie en 2015, de nouveaux ballets ont été créés comme r-Evolution, Dream, de Kyle Abraham, évocation du pasteur King, qui sera donné en intégralité les 8, 12 et 14 juillet ou Untitled America, signée de Hope Boykin, l'une des danseuses de la compagnie et dont nous ne verrons malheureusement qu'un court, mais excellent extrait à l'occasion de ce gala. Cette pièce dénonce l'impact du système carcéral américain sur les familles afro-américaines. Au-delà des courts extraits présentés lors du gala d'ouverture, on pourra aussi voir Blues Suite, l'un des ballets fondateurs de la compagnie qui met en scène le Sud profond,  The Winter in Lisbon sur la musique de Dizzy Gillespie ou Piazzolla Caldera de pour un petit tour de tango argentin.

Il faudra donc absolument revenir dans cette salle un peu froide, pour voir sur cette scène étriquée, baignée de lumières peu subtiles et trop orangées, le dynamisme et l'énergie de ces danseurs américains, fiers d'incarner dans leurs corps les luttes et les combats de leurs ancêtres.

Photos : © Bill Hebert, Paul Kolnik

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