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La Sylphide à l’Opéra de Paris : ainsi va la vie d’une troupe

La reprise du ballet romantique de en cette fin de saison 2017 s'accompagne d'un certain nombre de prises de rôles pour les solistes ainsi que pour de nombreux danseurs du corps de ballet, alors que d'autres prendront leur retraite dans quelques semaines.

Il aura fallu attendre longtemps pour que puisse enfin graver dans les mémoires une prise de rôle dans laquelle on n'attendait qu'elle depuis des années. Son physique, sa technique, sa sensibilité, tout indiquait qu'elle construirait une Sylphide qui resterait dans les annales de la maison. Usant, comme toujours et avec intelligence, de sa science du chiaroscuro, quels ports de tête et quelles épaules, esquissés avec des  contours ombragés, laissent apparaître un détail toujours plus charmant d'un cou délicat, d'un bras délié ou d'une cheville pudique ! Rarement l'impression que cette danseuse aux attaches si fragiles ne subit plus son corps et compose avec ses fragilités enjôleuses n'aura été si grande. C'est un rôle dans lequel elle a manifestement travaillé de façon aboutie jusque dans les variations les plus techniques, parvenant à maintenir la tension nécessaire pour capter et fasciner l'auditoire. Elle sembla même, au fur et à mesure de la représentation, devenir plus conquérante, plus vaillante, plus bondissante. Ayant atteint les firmaments dans les rôles classiques, Mlle Ould-Braham aurait pu risquer de décevoir: ce soir-là, elle aura prouvé qu'elle n'avait de comparaison possible que face à elle-même.

Son partenaire, , est, par essence, un sylphe. Il réitéra ses exploits de fraîcheur saltatoire, sa capacité giratoire impressionnante, son insolence technique. Ce soir-là, le premier acte était délicieusement agrémenté de sourires échangés avec Effie, de regards complices avec le public. Mais, au deuxième acte, son partenariat s'est révélé moins assuré et il est apparu beaucoup plus figé, alors que son corps assurait toujours les multiples tours et sauts stratosphériques ; une inquiétude certainement passagère qui aura disparu dans la suite des représentations.

Effie était incarnée par le première danseuse qui fera ses adieux à la scène en fin de saison (tout comme Emmanuel Thibault avec qui elle partagera un dernier Pas de de deux des Ecossais) est restée de tous temps dans son grade : jamais au-delà, jamais en-deçà. Elle a fait preuve d'une grande vivacité à l'orée de son retrait de scène, qui a été le juste reflet de sa carrière tranquille et sérieuse.

Il est également très attendrissant de constater que les danseurs du corps de ballet ont appris leur rôle grâce au souci de transmission d'un toujours vaillant aux saluts et dont on sait combien il est attentif à l'exécution parfaite des détails et à la restitution du parfum romantique du ballet qu'il a remonté et recréé en partie (lire notre article sur la répétition de la Sylphide en la présence de Pierre Lacotte), en allégeant notamment le second acte d'ensembles qui entravaient l'action, comme le pas de trois des Sylphides. Cette attention a été plus contestable au niveau de l'orchestre, pourtant composé d'excellents musiciens, mais dont les cuivres ont connu de meilleurs niveaux de justesse.

Les autres distributions, riches en prises de rôles par de toutes nouvelles Étoiles (Léonore Baulac, Germain Louvet, Hugo Marchand nommé Étoile en mars dernier dans le rôle de James), ne manqueront pas de susciter une curiosité certaine et inspireront assurément le renouvellement d'un ballet du répertoire.

Crédits photographiques : , , © Svetlana Loboff/ Opéra National de Paris

 

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