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Avec la Flûte, Mozart enchante les nuits de Sanxay

C'est toujours un moment privilégié de rejoindre le Théâtre gallo-romain de Sanxay pour assister au plus improbable des festivals lyriques hexagonaux, celui qui depuis dix-huit ans réunit au cœur de la Vienne dans un village de moins de sept cents habitants des forces musicales de très haut niveau.

Pour la première fois Mozart est à l'affiche du festival avec son ultime chef d'œuvre : La Flûte enchantée. , directeur musical de l'évènement depuis 2014, en propose une lecture très équilibrée, attentive aux solistes et recherchant des sonorités allégées, à la tête d'un orchestre de bon niveau en dépit de quelques incertitudes au niveau des cuivres. L'on peut s'étonner cependant du choix de tempi fort lents dans l'accompagnement de certains airs solistes. Le chœur du festival, préparé par Stefano Visconti, n'appelle pour sa part aucun reproche.

surmonte astucieusement l'absence de possibilités techniques avec un dispositif ouvert, si l'on excepte des plates-formes latérales, s'en remettant aux éclairages soignés de Nevio Cavina et à d'habiles projections pour installer les différentes ambiances, la plus réussie étant celle de la première apparition de la Reine de la Nuit. Il tire par ailleurs un excellent parti de la troupe de danseurs cambodgiens dont les membres composent avec grâce et souplesse aussi bien une galerie animalière pittoresque que les grotesques comparses de Monostatos (le spectacle sera d'ailleurs repris au temple d'Angkor). sert avec truculence les aspects comiques de l'ouvrage mais sait aussi souligner la solennité des rites d'initiation. Il introduit des inventions comiques (les baskets à semelles fluo des génies ou le monstre façon Jurassic Park qui poursuit Tamino) et peut s'appuyer sur les costumes de très bon goût de Sébastien Maria-Clergerie.

tire grand profit de la mise en scène et campe un Papageno drôle et sympathique au diable, bon chanteur de surcroît dans Der Vogelfänger bin ich ja. Parfaitement crédible en scène, séduit également en Tamino avec une suave musicalité et de réels scrupules stylistiques. Luiz-Ottavio Faria pâtit en revanche de l'ouverture du dispositif scénique qui ne favorise pas la projection des voix ; après avoir repris contrôle d'un vibrato un peu large à son entrée, il démontre cependant une belle profondeur de graves.

possède tous les suraigus de la Reine de la Nuit mais sait aussi faire preuve de grande sensibilité dans O zittre nicht, mein lieber Sohn. , Liu ici-même il y a deux ans, confirme son intelligence musicale et la séduction de ses moyens même si l'on imagine désormais dans un autre répertoire. Les seconds rôles sont à la hauteur, du Monostatos désopilant de à un trio de dames très efficace en passant par l'Orateur d'un relief inhabituel de Balint Szabo.

Ce nouveau millésime, avec trois soirées données à guichets fermés, confirme la qualité du travail accompli par Christophe Blugeon, ses équipes et les deux-cent cinquante bénévoles du festival qui ont fait de Sanxay au fil des années le troisième festival lyrique français, dans un cadre unique et chaleureux.

Crédits photographiques : © F. Mayet

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